Nous avions fait connaissance d’Adlane Aliouche lors des jams session du dimanche à Grenoble. Il nous avait impressionnés par sa connaissance des standards (sans jamais utiliser ni partition ni grille) par sa virtuosité et sa discrétion. Sorti par la petite fenêtre des jams, il rentre par la grande porte des concerts. Ce soir il joue avec son Rythm Section Trio, composé avec ces deux baroudeurs du jazz que sont François Gallix à la contrebasse; bien connu du public drômois et rhônalpin, et du batteur Stéphane Foucher que les Hot clubs, le (feu)Bémol 5 et autre Crescent accueillent fréquemment dans leurs murs.
Et le feu a bien pris comme peut en témoigner le public du Jazz Club de Grenoble qui ovationne à plusieurs reprises les musiciens. La belle plaquette du jazz club promettait un “son de groupe”…”résolument sauvage, swinguant et actuel”. Nous avons eu le son et même l’avoine puisque l’art des trois musiciens est confirmé et consommé. Stéphane nous surprend toujours par le mélange savant de marquages rythmiques surprenants, puisé à toutes les sources. François, décidément “habité”, non seulement parce qu’il “aime ce qu’il fait” et “parce qu’il essaie de le faire bien”, arrache avec volupté ses notes à l’ instrument, quand il ne propose pas des lignes dansantes et survoltées.
Quand à Adlane Aliouche, qui n’a qu’une vingtaine d’années, il maitrise -avec effervescence pour tenter l’oxymore- son clavier de manière jubilatoire, décontractée, assurée. Nous avons ainsi pu entendre pas mal de compositions comme Dab, What’s eggs (hommage modeste au poulailler de sa grand mère, VSE (ah le village natal, et autre parcours administratifs compliqués!), c’est à dire pas mal de compositions inspirées de Robert Glasper, Aaron Goldberg et autre Gonzalo Rubalcaba. et quelques standards comme Freedom suite de Sonny Rollins ou It could happen to you, pour ne pas parler de Naïma, expédié en bis.
Nous avons eu un faible pour la dernière composition (écrite trois jours auparavant) intitulée “Ch’sais pas” en attendant de porter un titre que pouvait souffler les auditeurs. Nous avons bien une proposition, mais nous la soumettrons d’abord à l’intéressé…s’il le souhaite.