Il y a longtemps que nous attendions ce concert du Philip Verneert & Enrique Simon Quartet, pour goûter au plaisir du “live”, après avoir chroniqué leur beau CD “Lucentum” (voir ici), il y a un an déjà, pour répondre à quelques questions que nous nous posions alors, enfin vérifier quelques hypothèses que nous avions formulées. Le concert de ce jeudi 2 novembre au Jazz Club de Grenoble nous a permis d’aller au delà de ces vœux.
Le plaisir du live d’abord : le son rond de la guitare : Philip Verneert, de Gand (Belgique) a su peaufiner un jeu qui aux années emprunte sa douceur et se conjugue avec bonheur au jeu soigné et enveloppé du pianiste espagnol, Enrique Simon (de Torrevieja), plein de lyrisme dans ses compositions. Gil Lachenal à la contrebasse fait le lien entre l’Espagne et la Belgique puisque ce contrebassiste de la région (Renage, près de Voiron) apporte la tonicité de son jeu et quelques belles compositions comme Intuition. Et Pedro Vasquez (de Murcia, Espagne encore) à la batterie manifeste la finesse et la précision de son jeu. Un concert qui, après celui du Grenoble Alpes Métropole Jazz Festival, a touché le public qui a ovationné le groupe et a réclamé le prolongement du concert (deux rappels donc) qui nous ont permis d’écouter I giorni della Merla (référence à un conte italien: le jour des merles (de blanc, ils deviennent noir ce jour là!)) et Quetula, un “flamenco” à la fois doux et flamboyant.
Un des grands bonheurs de cette musique est son lyrisme: elle vient du cœur et chante tout autant que le Cantabile de Petruccian ; une sorte de communion s’installe dans le public, et elle est toujours bienvenue, aujourd’hui plus que jamais. Et la virtuosité des musiciens a ébloui plus d’un spectateur durant les chorus !
Les questions concernaient la formation du groupe (un CD à deux d’abord, guitare et piano) puis l’adjonction d’une rythmique qui dynamise le duo. Gil est l’homme de la situation. Mais son dynamisme ne l’empêche pas de jouer des contrechants qui colorent la ligne mélodique (écouter Lucentum par exemple).
Lucentum qui figurait sur le CD et qui est le nom latin d’Alicante, ce qui répondait à une autre de mes questions parmi celles de l’origine des musiciens et des titres des thèmes .
Quant aux hypothèses sur le “son de groupe, j’ai été servi: le discret Pedro Vasquez apporte une contribution majeure à la dynamique du groupe, en soulignant avec une précision remarquable les traits à l’unisson qui clôturent certains thèmes comme Colors (écrit pas Gil pour le groupe et la guitare) et Cat Fight, aux allures de swing dans lequel la péninsule ibérique “pousse un peu sa corne”. Sa présence en concert ne fait pas de doute, ses chorus sont plutôt étincelants.
A côté des thèmes “anciens ” : A thousand palms (la ville aux mille palmiers) ou Song for a Twin (le double ou le jumeau du pianiste : il berce son âme en composant et j’aime cela !), pas mal de thèmes nouveaux, donc : Spirit Dust, a cat Fight, See the moment (ah le blues où se juxtaposent les tempis: le 12/8 et le 4/4, polyrythmie oblige!), Qurtuba…
Et ces thèmes indiquent assez que le quartet est en gestation et qu’un nouveau CD se prépare. Une affaire à suivre.