Le couvent franciscain du XVème siècle, un peu à l’écart du village de Châteauneuf-de-Galaure est un bâtiment qui renait de son abandon et que les associations ont cœur à faire découvrir. La chapelle du prieuré Saint Pierre de Charrière a désormais retrouvé un toit, elle offre des proportions singulières et présente les restes de belles fresques colorées sur les voûtes du chœur. L’association Charrière Animation y organise des expositions artistiques mais aussi des concerts, c’est de jazz qu’il est question ce jour.
C’est presque naturellement qu’il est fait appel à un « enfant du pays ». Le trompettiste Alain Brunet est l’un des premier à avoir célébré les musiques de Serge Gainsbourg ; entre 1992 et 1996, avec un trio emmené par le pianiste Olivier Hutman il enregistre ce projet qui rencontre un beau succès et qu’il a l’opportunité de faire voyager dans les festivals internationaux. C’est un peu celui qu’il va proposer ce soir en première relecture avec un trio de grand confort et une chanteuse charmeuse dont nous avons souvent l’occasion de dire leurs talents respectifs. Ce sont quelques une des plus anciennes chansons de Gainsbourg qui sont réinterprétées/arrangées et quelques hits aussi, la sélection sera judicieuse. L’acoustique des lieux est celle des chants grégoriens évidemment, il faudra faire avec. Il fait un peu froid, l’auditoire reste très attentif pour l’écoute et les musiciens assurent cette nouvelle rencontre. Black Trombone, c’est Alain Brunet qui le chante, les soli ensuite, le piano tout d’abord, la trompette ensuite et la voix féminine enfin. L’eau… nous vient en bouche, le poinçonneur fait ses petits trous puis Elisa se dévoile. L’arrangement est singulier il peut surprendre certains avec ses variations subtiles de la mélodie, de ses harmonies et de son rythme ; Benoît Thévenot l’introduit en un solo virevoltant, Roxane Perrin se joint à lui en survolant le thème puis le tandem rythmique de la basse subtile de Jean-Pierre Almy, de la batterie aérienne d’Andy Barron et le bugle d’Alain se fait câlin à son tour. Les arrangements sont originaux, la lecture est assurément révérencieuse d’un mélodiste qui a toujours aimé le jazz qu’il jouait lui-même au piano dans les bars. Un sample du compositeur/chanteur en introduction au blues du Jazz Dans le Ravin, jusqu’à cette Javanaise évidemment. Public conquis mais en peu froid, question de température assurément…