Retour, aujourd’hui, sur une voix. Une voix comme on les aime. Et pour ceux qui ne la connaîtraient pas encore, je conseille l’écoute du dernier album de cette artiste, “True”. La magie fera le reste…
Entretien avec Justine “Blue”
Entre jazz, blues ou soul…. une voix dont on ne se lasse pas.
Michel Martelli : Justine, nous sommes presque voisins ?
Justine “Blue” : “Etions”, oui… parce que je suis originaire de l’Ardèche, de Saint-Péray plus exactement. Mais, depuis seize ans, c’est à Montpellier que j’ai posé mes valises, et où je vis désormais. Que puis-je te dire de mes débuts ? Déjà, dans ma famille, tu ne trouvais pas d’artistes professionnels. En revanche, un de mes oncles est passionné de batterie, il en joue même très bien mais en parfait amateur. Et je crois bien que c’est tout, même si, comme beaucoup je pense, mes parents étaient des passionnés d’écoutes musicales diverses. Quant à moi, toute petite, déjà, je chantais beaucoup. Dans mon coin. Lorsque j’avais onze-douze ans, pas un jour ne passait sans que je ne chante. Mais toujours seule. Par contre, je me suis familiarisée, par cette voie, très vite à la langue anglaise. Parce que je m’essayais aussi la voix sur des chansons dans cette langue.
Par la suite, avec mes deux sœurs – plus âgées que moi – on “se produisait” devant nos parents. Et je peux te dire qu’on aimait ça. Une de mes sœurs, d’ailleurs, malgré une famille riche de trois enfants, apprend la guitare, depuis quatre ans.
Finalement, il y a une bonne part d’autodidacte en moi. J’ai toujours beaucoup écouté la radio, aussi, et je pense que cette “addiction” aura joué son rôle. Mais que ce soit en en primaire, au collège, ou au lycée, j’ai toujours travaillé ma voix, avec la musique au casque. Grâce à mes parents, j’ai eu la chance de beaucoup voyager. Lorsqu’à huit ans, tu découvres New-York, alors, oui, ce sont de très bons souvenirs. Même si nous n’y allions pas pour la musique.
M.M. : Ta première école, ce sera où ? En Ardèche ?
J.B. : Non. Ce sera au JAM de Montpellier. Mais, avant ça, j’ai goûté un peu au théâtre, alors que j’étais au lycée ; et où je passais mon temps à chanter, du reste et puis, côté études, j’ai suivi un cursus en biologie, que j’ai poussé jusqu’au Master, en microbiologie. Mais pendant toutes ces années, la musique ne m’a jamais quittée. En parallèle, je faisais énormément de “jam-sessions”, de soirées avec mes potes que j’avais rencontrés au JAM.
Par la suite, ça s’est encore développé. Lorsque mes études m’ont emmenée à Avignon, par exemple, je chantais dans pas mal d’endroits, y compris dans “LE” festival. Dans le même temps où je passais licence, Master, je découvrais le jazz, le blues et le fait de le porter “dans la rue”, via pas mal de terrasses. Pas seule, bien sûr. Avec mes amis musiciens, comme Geoffroy Bruneau, par exemple. C’est un bluesman de Montpellier, qui maîtrise aussi bien le ukulélé, l’harmonica, l’écriture, le chant. A une période, nous étions même voisins. Ce sera l’époque, pour moi, du groupe “Buffet froid”, par exemple, où on produisait des standards de jazz.
Pendant que j’étais en Master, j’ai rejoint un quintet créé par Bernard Bladous, qu’il avait appelé Bo jazZ, un quintet dans lequel tu pouvais trouver le guitariste incroyable Andrew Sudhibhasilp, qui est aujourd’hui à Chicago, Gabriel Rigaud était à la batterie – c’est aussi un super pianiste – et j’étais à la voix, en compagnie de Charlotte Canales. Bernard était à la contrebasse, je ne l’ai pas dit. Avec Bo jazZ, nous avons tourné trois ans.
En parallèle, comme j’avais développé une certaine pratique ukulélé-voix, je proposais un répertoire blues, en solo. Toujours dans cet esprit “musique de rue”, que j’ai pu promener dans pas mal de coins de l’Hexagone, de Lille à Avignon où ça marchait particulièrement bien.
Ça marchait d’ailleurs tellement que j’ai eu envie de produire ce répertoire via des concerts. Et pour ça, après mes études, j’ai commencé à tourner avec beaucoup de musiciens différents, avec les quels on se produisait à des cadences décuplées. En réalité, je cherchais des musiciens pour monter un groupe.
M.M. : Que tu as trouvés, je suppose ?
J.B. : Oui, bien sûr. Au rythme auquel je tournais, c’était couru d’avance. J’ai commencé par un duo, avec un super harmoniciste hollandais, Harold Wolters. Ce duo a évolué en trio, lorsque le guitariste Julien Rivière nous a rejoints. C’était en 2014. J’avais déjà créé pas mal de compositions et j’avais très envie de les traduire sur un EP. Pourtant, ce projet attendra deux ans, et c’est en version quintet qu’il verra le jour, en 2016. Philippe Icard, à la contrebasse, et Maxime Aznar à la batterie, avaient rejoint le groupe. Il portera le titre de “Toxine”, proposé par “Just in blues Band”… En fait, c’est un surnom qu’on m’a donné dès 2013, et que j’ai conservé depuis.
Quatre des titres présents dans cet EP étaient de mes compositions. Les deux autres étaient des reprises, une de Sonny Boy Williamson, et l’autre de Hank Williams.
Dès 2010 aussi, j’ai monté un trio avec le guitariste John Owens, et Gabriel Rigaud dans un premier temps, mais il sera remplacé par Romain Portet, et aujourd’hui par Romain Delorme. Un trio qui tourne encore aujourd’hui.
M.M. : Tes groupes “vivent”, et évoluent…
J.B. : Bien sûr, mais c’est le lot des musiciens. Dans mon quintet par exemple, je vais changer de guitariste, parce que Julien a créé son propre groupe, en lead, et nous a quittés. C’est Enzo Taguet qui va le remplacer, et qui officie depuis.
D’ailleurs, avec Enzo et Harold, nous avons gagné le Premier Prix “Révélations”, en 2017, à “Blues sur Seine”. Nous avons fait aussi beaucoup de dates, des premières parties sympas comme celle de Madeleine Peyroux, et celle de Toronzo Cannon, à Jazz à Vienne, en 2018.
En 2019, avec Enzo, nous sommes partis en duo au Canada, pour une petite tournée de cinq dates.
Et lorsque nous sommes revenus à Montpellier, nous avons enregistré quatre “singles” en studio, et en quintet. Sur un modèle claviers-basse-batterie-guitare-chant. Aux claviers, c’était Toussaint Guerre, à la basse Romain Delorme, à la guitare Enzo, à la batterie Pedro Coudsi et moi au chant bien sûr.
C’est aussi à cette période que j’ai commencé à me former en “business musical”. parce que j’avais envie de mieux comprendre le métier, comment être ma propre productrice, comment trouver les fonds auprès des secteurs publics comme privés, assurer le marketing commercial, la communication, etc…
M.M. : Et puis, en 2021, la naissance de “True”….
J.B. : Oui, nous avons commencé l’enregistrement en 2021. En fait, nous avons enregistré six titres en 2021, et les sept autres en 2022. Donc treize titres pour un album sur lequel se croisent deux batteurs différents, Pedro Coudsi et Curtis Efoua Ela. “True” est sorti en décembre dernier, c’est tout frais, et c’est un projet dans lequel j’ai voulu intégrer quelques “guest”. Comme Will Parnell aux percussions, Corentin Lehembre à la trompette, Sami Khalfoune au trombone et, pour les chœurs, Manon Maraux et Lena Noury-Mazel. (voir la chronique de Gérard Brunel)
De plus, cet album aura été enregistré, comme l’EP et les quatre singles d’ailleurs, dans le studio Mini Moon de Neil Conti en majeure partie, et le reste au studio Mirador. Tu connais Neil ? C’est un batteur anglais qui a fait énormément de tournée avec David Bowie, avec lequel il collaborait. Son ingé-son, sur notre album, était Jeff Fernandez, il a fait du super bon boulot.
M.M. : Pour le moment, tu fais “grandir True”. Tu as d’autres projets ?
J.B. : Oui, j’ai toujours plein d’envies, d’idées et des compositions en moi ! Des compos en français comme en anglais. On en reparlera!
J’ai aussi envie d’enregistrer quelques morceaux de jazz avec John et Romain. De ça aussi on pourra reparler.
Côté dates, nous nous produirons, le 26 mai prochain, au “Sonambule” de Gignac, dans l’Hérault.
Et le 4 novembre, nous serons à la Salle Ninon Vallin de Montalieu-Vercieu, en Isère…
Propos recueillis le mardi 7 février 2023.
Pour une découverte, ç’aura été un must. Bluffé par ta voix, bluffé par la musique que tu nous offres, entourée de tes musiciens.
J’espère vraiment pouvoir venir t’écouter en Drôme, lorsque tu t’y produiras.
D’ici là, je te souhaite une belle route.