chronique de CD

“Morricone stories” de Stefano Di Battista

Il était une fois en Isère ! C’était le 9 octobre 2020 à la MC2 de Grenoble. Nous y découvrions, masqués, le nouveau projet de Stefano Di Battista. Grâce à la Covid, le placement libre nous permit l’accès au premier rang… À l’issue du concert, nous pûmes échanger quelques mots avec Stefano et Fred Nardin qui nous confiaient avoir terminé la veille l’enregistrement de « Morricone stories » au studio Ferber à Paris. Le contrebassiste Daniele Sorrentino et le batteur André Ceccarelli étaient de la partie. Depuis ce soir d’automne, nous laissâmes passer l’hiver et commencer le printemps avant de découvrir le 2 avril l’album tant attendu !

 

Il était une fois douze compositions puisées dans le pléthorique répertoire du maître italien pour former ce nouvel opus du saxophoniste romain. Les arrangements sont signés Di Battista et Nardin, le jeune pianiste jouant désormais dans la cour des grands. Comme nous l’avions constaté lors du concert, quelques thèmes connus côtoient nombre de partitions inconnues ou méconnues. :

  1. Cosa avete fatto a Solange ? du giallo de Massimo Dallamano sorti en Italie en 1972 plante le décor d’un album qui alternera gros plans et panoramiques, découvertes et relectures.
  2. Dans Peur sur la ville, le saxophoniste délaisse çà et et là ses instruments pour se faire siffleur. On reconnaît le thème du thriller d’Henri Verneuil (1975) avec Bebel !
  3. La cosa buffa évoque Otavia Piccolo dans le film d’Aldo Lado « La bonne affaire » (1974).
  4. Veruschka, titre éponyme du film de Franco Rubartelli, nous maintient dans les années 70 avec sa rythmique des plus dansantes !
  5. Petit passage dans les 80’s avec Deborah’s theme, ballade emblématique d’ « Il était une fois en Amérique » (1984) de Sergio Leone nous rappelle le sourire d’Elizabeth McGovern.
  6. Le méconnu Metti, una sera a cena de la comédie « Disons, un soir à dîner » de Giuseppe Patroni Griffi (1969) est un modèle de bebop, style cher au Romain !
  7. Majestueusement entâmé au piano, Apertura della caccia est un incontournable du « 1900 » (1976) de Bernardo Bertolucci.
  8. Il grande silenzio rappelle l’ambiance tendue du western de Sergio Corbucci (1968) avec Jean-Louis Trintignant et Klaus Kinski.
  9. Lors du concert, Stefano nous avait montré la partition dédicacée par Morricone de Flora. Celle-ci est reproduite dans le livret. Délicate composition de janvier 2007, elle porte le prénom de la fille de Stefano. On l’avait entendue en concert, c’est la première fois qu’elle est enregistrée.
  10. La donna della domenica du polar de Luigi Comencini (1975) ravive avec vigueur Jacqueline Bisset aux prises avec Marcello Mastroianni et Jean-Louis Trintignant.
  11. Le soprano se substituant au hautbois de l’original, Gabriel’s oboe, incontournable de la fresque de Roland Joffé « Mission » (1986) conserve sa majesté originelle.
  12. Clint Eastwood, Lee Van Cleef et Elli Wallach revivent en cinémascope : The Good, The Bad and The Ugly du western de Sergio Leone (1968) conclut ce brillant album.

 

Il était une fois la conclusion ! Le cd et le vinyle sont sortis chez Warner. Après une décennie de silence discographique, c’est retour gagnant pour Stefano Di Battista qui, comme à l’accoutumée, a su fort bien s’entourer. Le projet est antérieur à la disparition du compositeur romain le 6 juillet dernier. Devenu hommage, Morricone Stories va vite devenir un incontournable… 

Ont collaboré à cette chronique :