Chronique de film

“Soul” de Pete Docter et Kemp Powers

Qui l’eût crû ? Me serais-je un jour imaginé chroniquer un film vu sur un écran de télé ? Non ! Mais sa seigneurie Covid est passée par là, semant la mort et le désordre sur notre petite planète… Des mois sans concerts, sans salles de cinéma nous ont contraints aux écrans pixelisés !

Le 23ème film des studios Pixar est donc sorti directement sur Disney + après avoir été dans la sélection du prestigieux (mais virtuel !) Festival de Cannes. Et avouons le, c’est une pure merveille ! Comme dans chacune de leurs productions, une foule de détails et de citations est à découvrir ou à deviner…

Soul nous immerge dans la vie (et la mort…) de Joe Garner, professeur de musique passionné de jazz*. Contacté par un ancien élève, il aurait tant aimé accompagner la saxophoniste Dorothea Williams pour un concert au Half Note** si le sort n’en avait décidé tout autrement. 

Dans Soul se côtoient un New-York très réaliste et le « Grand Avant » sorti tout droit de l’imagination de ses concepteurs. C’est un régal visuel de chaque instant. La belle histoire de Joe et 22, « Nouvelle âme » facétieuse, se double d’un conte philosophique, voire métaphysique. Comment une samare peut-elle changer une destinée ? Pourquoi tous les conseillers du « Grand Avant » se prénomment-ils tous Michel ?

Soul est aussi un régal auditif. Pour le côté jazz, c’est Jon Batiste qui a donné le la. Pour l’aspect plus électronique et planant, ce sont Trent Reznor et Atticus Ross qui ont signé la partition. Dans la version originale, on entend les voix de Jamie Foxx, Tina Fey, Angela Basset… En version française, on reconnaît Omar Sy, Camille Cottin ou Ramzy Bedia…

Cerises sur le gâteau, on y savoure, entre autres, Things Ain’t What They Used to Be de Mercer Ellington, II B.S. de Charles Mingus, Subterranean Homesick Blues de Bob Dylan, Body and Soul par Herbie Hancock, We Get Along de Sharon Jones & The Dap-Kings  ou Apple Tree d’Erykah Badu

En espérant une rapide réouverture des clubs de jazz, des salles de spectacles et de cinéma, je vous souhaite une belle année 2021 !

* C’est une anecdote racontée par Herbie Hancock qui a inspiré les scénaristes. (Comment, lors d’un concert, un faux accord d’Herbie avait inspiré Miles. Comment ce qui apparaissait comme une erreur avait pu se muer en nouveauté.)

** Le Half Note a réellement existé de 1957 au 1er janvier 1975. S’y sont produit Anita O’Day,  Billie Holiday, Charles Mingus, John Coltrane, Wes Montgomery et tant d’autres qui sont peut-être passés par le « Grand Avant »…

Ont collaboré à cette chronique :