Ce jeudi 22 mars La Source partenaire désormais régulier des Détours de Babel nous offait une soirée de feu en deux parties.
Tout d’abord le Trio Raulin, Bekkas, Biayenda à la croisée de trois cultures musicales que sont le jazz, la musique gnawa et les rythmes africains œuvrant à la mise en évidence du bien commun à ces trois univers musicaux. Un trio de virtuoses, brillantissime associant trois musiciens que l’on ne présente plus tant ils sont aujourd’hui connus et reconnus : François Raulin ancien compagnon de route de Louis Sclavis, Michel Portal ou François Corneloup, maître en improvisations de moins en moins tempérées d’un piano incendiaire lyrique et virtuose à la fois, associé à Magyd Bekkas véritable sage au cœur de ce trio détonnant, serein et inspiré, entre tradition et modernité il associe musique gnawa et blues afro-américain, enfin Emile Biayenda grain de folie du trio, homme tambour, ancien batteur de Zao et fondateur des Tambours de Brazza qu’il dirige toujours.
Un trio dont les compositions s’attachèrent tout au long de cette première partie à laisser s’exprimer toute l’identité de chacun au service des cultures musicales africaines dont ils sont pétris. Le jeu de piano de Raulin sonnant à la façon d’une kora se mariait à merveille avec celui grave et chantant du guembri et le chant incantatoire de Magyd Bekkas tout comme avec le jeu de batterie très percussif de Biayenda. Très vite la fête, le plaisir évident de la rencontre, de l’échange prit forme et se poursuivit au sein de compositions riches, subtiles organisées comme un discours à trois dans lequel chacun fit entendre sa voix et au-delà sa spécificité, son identité, guidées par une pulsation permanente, un swing constant, un souci continu de la danse, du mouvement : un superbe moment durant lequel le feu couvant dans le public augurait d’un embrasement certain pour la suite de la soirée.
Une suite totalement dédiée à l’Afrique et plus particulièrement au congo avec l’un de ses ensembles les plus emblématiques : les Tambours de Brazza. Composé à la base de six percussionnistes et d’un chanteur soliste, cet ensemble auquel s’ajoutent désormais basse, guitare électrique et batterie associe depuis toujours tradition et modernité en enchaînant rythmes traditionnels et rumba congolaise sous la houlette inspirée de Maître Biayenda à la batterie. Mêlant danses et tambours, agrémentée de chants omniprésents, cette formidable machine à danser à la pulsation permanente et irrésistible acheva de mettre le feu à une source désormais entrée en ébullition pour un final éblouissant.