17/11/2018 – Leyla McCalla au Polaris Corbas / Festival «Les Guitares» et l’Ensemble Trobairitz en première partie

17/11/2018 – Leyla McCalla au Polaris Corbas / Festival «Les Guitares» et l’Ensemble Trobairitz en première partie

Ensemble Trobairitz

«Apéro sans plateau», c’est sous cette appellation que le Polaris propose un mini spectacle d’une demi-heure les soirs de concert pour, je cite, «aiguiser l’appétit des amateurs de saveurs nouvelles».

Visiblement les spectateurs réguliers du Polaris ont adopté la formule car bien avant 19h30 la salle de la Médiathèque affichait complet.

L’Ensemble Trobairitz, dans sa formule réduite, est au programme musical ce soir, avec Rebecca Roger : direction et voix, Frédéric Deschodt : théorbe et guitare baroque. Les chants des pays de la Méditerranée des XIIIe au XVe siècles sont leur inspiration. Musiques anciennes, dans le fil de l’esprit troubadour, c’est donc plutôt une invitation à retrouver des saveurs oubliées qui nous est proposée.

Mini-concert donné en acoustique dans l’intimité de cette petite salle, le public retient son souffle, le niveau sonore est léger mais le son est excellent et l’on se surprend à retrouver le geste de «tendre l’oreille» et d’apprécier.

Rebecca étonne par sa voie fine, juste, parfaitement posée et une superbe présence, Frédéric sait projeter en finesse les timbres du Théorbe ou de la guitare baroque. Un très bel ensemble ! Applaudissements nourris bien mérités pour cette belle découverte.

Trop court, mais il était bien convenu que ce n’était qu’un «apéritif». Toujours dans le cadre du Festival «Les Guitares», les amateurs peuvent retrouver les quatre membres du groupe, cette fois dans un concert formule «menu complet», le mercredi 28 novembre au Théâtre Astrée, Campus de la Doua à Villeurbanne.

 

 

Leyla McCalla

a day for the hunter, a day for the prey

Ce titre est le nom de son deuxième album ( 2016 ) mais aussi un proverbe haïtien «un jour pour le chasseur, un jour pour la proie». Leyla McCalla est née à New-York de parents d’origine haïtienne, elle est à présent établie à la Nouvelle-Orléans.

Violoncelliste classique de formation, sa musique intègre à présent autant ses racines caribéennes que le blues ou la musique cajun. Son répertoire, chanté en anglais, en créole haïtien, en langue cajun ou en français, est constitué de ses compositions et d’arrangements personnels du répertoire traditionnel. Multiculturelle, berçante, poignante ou chaloupante, sa musique est très imprégnée de sa sensibilité humaine et d’une forte conscience socio-politique du monde actuel.

Leyla McCalla et son groupe étaient invités au Polaris Corbas pour ce trentième et toujours aussi foisonnant Festival «Les Guitares».

Grande salle pleine ce soir, et sur scène aux côtés de Leyla McCalla ( chant et violoncelle, banjo ténor, guitare électrique ), une équipe de très jeunes musiciens est là pour l’accompagner tout en finesse, écoute et connivence au cours de cette soirée : Peter Olynciw à la contrebasse, Shawn Myers à la batterie et aux percussions et David Hammer à la Guitare. Niveau sonore modéré et bien équilibré, ainsi qu’une douce lumière ambrée sur la scène contribuent à nous immerger encore mieux dans leur univers musical ( même si votre serviteur, photographe accrédité d’un soir, aurait souhaité plus de lumière sur les trois premiers morceaux autorisés, mais, une salle de concert n’est pas un studio photo . . . ).

Seront joués ce soir beaucoup de titres de ce deuxième album, mais aussi, pour débuter la soirée, deux titres de son premier album «Vari-Colored Songs» ( 2014 ).

Nous aurons aussi en primeur quelques titres de la nouveauté en préparation, sortie prévue en janvier, dont le morceau «Capitalist Blues» servira aussi de nom à ce troisième album ( ce morceau peut également s’écrire «Capitali$t Blues» et s’écouter ici : https://www.youtube.com/watch?v=o6kHnUXHOo0  ).

Très calme et prévenante dans la présentation au public de ses morceaux, avec la même simplicité, elle saura aussi dégager puissance, émotion, douceur et conviction durant leur interprétation. Voix profonde, douce et puissante à la fois, grain de timbre léger et chaud, et une sincérité sans esbroufe, «Leyla nous ouvre à toutes les faces du monde».

Tout l’engagement dans le concert ne lui fait heureusement pas oublier de vérifier que les deux jumeaux venus agrandir la famille il y a six mois sont bien endormis, . . . en coulisses de Polaris-Corbas City ; La sœur aînée de 4 ans, restée en famille aux States, a dû en être rassurée.

Même les soirs de concert, chez les McCalla, les grandes causes du siècle, celles du quotidien et les petits bonheurs de la vie ne relèvent pas d’un vaporeux étiquetage marketing.

Merci au Polaris et au festival «Les Guitares» pour cette belle rencontre plébiscitée par deux rappels du public à la clef.

Merci aussi au jazzman et ethnomusicologue Raphaël Imbert et son projet «Music is my Home» présenté dès 2015 à Lyon ( Nuits de Fourvière / Musée des Confluences), album sorti en 2016, d’avoir fait découvrir à cette occasion aux amateurs de jazz deux lumineuses chanteuses de la Nouvelle-Orléans : Sarah Quintana (*) et . . . Leyla McCalla.

Bonne nouvelle, les absents repentants n’auront pas à souffrir de regrets éternels, la tournée française de Leyla se terminera même dans notre région, au Théâtre de Villefranche le samedi 1er décembre 2018. A vos Agendas !

Une petite pensée à notre chroniqueur Michel Clavel qui n’a pas pu rendre compte du concert de sa belle plume habituelle, bloqué qu’il fût dès son arrivée en Métropole de Lyon par le Jaune de la nuit encore toute manifestante . . .

(*) Sarah Quintana, à écouter aussi, par exemple dans l’un de ses albums : « the world has changed »

Auteur / autrice