La chanteuse Caloé, accompagnée d’une rythmique tonique et prolixe, présente son projet « Saisons« , essentiellement constitué de compositions originales. Avec l’été, on entre dans le vif du sujet dès l’introduction de Clément Simon au piano, qui déroule des nappes véloces qui tournent au ragtime avant l’entrée en lice de Caloé. La ligne de contrebasse, tenue par Arthur Henn, est dynamique, Olivier Robin et sa batterie poussent juste ce qu’il faut ; on peut dire que ça démarre bien, surtout quand Caloé prend un solo en scat, très rythmique et bien construit, finissant par atteindre sans effort la note finale située quelques octaves au-dessus. Valse jazz, Les Gouttes calme le jeu, non sans laisser passer l’opportunité d’un solo de piano un peu moins dense que le précédent, et plus tourné vers la mélodie.
Le rythme de samba endiablée de La bouche fait monter la température d’un cran, sur un texte à l’humour léger. Le public est fin prêt pour recevoir As rosas nao falam (les roses ne parlent pas), délicieuse ballade sur un poème de Cartola. La première strophe est un duo voix-contrebasse, ponctué de rares et sobres arpèges au piano et discrets frottements de cymbales. Arthur Henn fait un solo sensuel et harmonique parfaitement dosé, puis Caloé explore la gamme mineure harmonique dans tous ses recoins.
L’internet a ceci de bon qu’il annihile les distances et permet des échanges intercontinentaux. Ainsi, la Chanson de Pedro a été écrite par un ami argentin, Caloé en a écrit le texte. Le set prend des allures de jazz urbain. La grille n’est pas facile, la cadence à sept temps imprime une dynamique particulière.
Pour conclure le set, Caloé propose Autumn is coming, de la même veine que le précédent ; après une longue intro à l’unisson contrebasse-piano main gauche, les musiciens donnent tout ce qu’il leur reste d’énergie dans des chorus bien nourris. Espérons que ce dernier titre n’a rien de prémonitoire pour l’immédiat.
Nous avions vu Caloé dans d’autres circonstances il y a plusieurs années, et nous avons constaté à quel point elle a progressé dans la maîtrise de sa voix et dans son écriture. Encourageant.
