13/10/2021 – Duo Tìam – Festival Roanne Table Ouverte – Restaurant Le Jacques Cœur

13/10/2021 – Duo Tìam – Festival Roanne Table Ouverte – Restaurant Le Jacques Cœur

Audrey Podrini, violoncelliste et créatrice de mélodies poétiques et passionnée de tango et Camille Thouvenot, pianiste et créateur de belles couleurs et passionné de jazz unissent leurs talents pour ce projet « entre tango et jazz ». Le duo reprend, bien sûr, des pièces du répertoire traditionnel argentin mâtinées d’improvisations riches en gammes et accords altérés qui leur apportent une dissonance subtilement dosée qui sied à merveille à ces mélodies bien léchées et patinées par le temps. Les variations sur rythmes de tango, valse, habanera et bolero laissent cependant la place à des arrangements plus surprenants, tels cette Courante de la deuxième suite pour violoncelle de Jean-Sébastien Bach, qui s’aventure dans les syncopes de la pampa ; la mélodie est présentée à l’unisson entre le violoncelle et la main gauche du pianiste pendant que la main droite marque une rythmique décalée qui déstabilise délicieusement ce bel édifice baroque. Les doigts s’envolent au-dessus du clavier et de la touche du violoncelle, les voix se séparent sans se perdre de vue, pour mieux se retrouver dans un final majestueux, coloré et virtuose.

Le duo ne pouvait pas se dérober à une salutation au maestro Astor Piazzola, dont ils interprètent avec fougue deux pièces que l’on n’entend pas souvent : l’Evasion et Zita. Looper et octaver sont de la partie, ce qui donne à cette version l’ampleur ad hoc.

Si les deux premiers sets sont principalement consacrés à des titres sud-américains pur jus, le troisième set ouvre le débat vers d’autres horizons, non sans y instiller une bonne dose d’accent latino-américain. Whisper Not, du grand Benny Golson, oscille entre tango et swing, clave et chabada soutenu par un walking « cello » vigoureux. Irma, composition dramatique de Camille Thouvenot, couvre toutes les phases successives d’un ouragan : violence de la montée en puissance, calme trompeur de l’œil du cyclone, coup de grâce de la reprise et enfin désolation et désespoir quand l’épisode se termine, derrière lesquels se profilent déjà l’espoir et la détermination.

Pour terminer, Tìam surprend son auditoire avec Petite Fleur, de Sydney Bechet, et un Ne me quitte pas qui en a laissé plus d’un sur le carreau.

Tìam, c’est le scintillement que l’on a dans les yeux lors de la première rencontre.

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