17/01/2022 – Piers Faccini à l’Opéra Underground

17/01/2022 – Piers Faccini à l’Opéra Underground

Piers Faccini à l’opéra de Lyon : tout le monde à Bord !

Richard Robert, le directeur de l’opéra Underground, l’avait annoncé en préambule du concert, entre deux métaphores maritimes, la beauté allait nous visiter avec ce concert de Piers Faccini et c’est peu de dire que la promesse aura été tenue.

Toutes les conditions étaient réunies avec une salle pleine de 1000 spectateurs en ces temps covidés, c’était un premier signe encourageant…Et puis l’artiste en résidence depuis trois jours à l’Opéra proposait un spectacle d’ampleur, avec outre son quintet actuel, le renfort d’un quatuor classique, le Quatuor Emana, et des invités de prestige avec la participation de Karim Ziad aux percussions et Medhi Nassouli au chant et au Guembri. Cet équipage rêvé de 10 musiciens a fait vibrer la scène de la plupart des morceaux du dernier disque du capitaine de navire Piers, Shapes of the fall  (Les formes de la chute), concept album sur la biodiversité et l’écologie qui propose selon l’artiste « une complainte qui va vers une confrontation au monde, mais avec la recherche d’une guérison en clair-obscur », plus poétique y’a pas.

Une première partie du concert proposait un mélange folk, pop, blues et baroque avec un morceau donnant le ton, Bring me my home back. Le troisième morceau Dunya confirmait définitivement la magie du projet avec un titre qui annonce l’intégration des rythmes et sons orientaux au folk et au classique dans un mélange merveilleux démontrant ainsi que la musique peut être si universelle quand elle mélange les esthétiques et les sons.

Le public est conquis par cette world musique qui n’a jamais aussi bien porté son nom, et le guitariste-chanteur enchaîne les morceaux de son dernier opus sans oublier les tubes multi-diffusés en radio (merci Fip !) comme Foghorn Calling ou le All Abord qui reflète définitivement ce concert et ce voyage musical exceptionnel. Le public lyonnais chante et accompagne des mains (tant bien que mal…).

La seconde moitié du concert voit les musiciens classiques quitter la scène pour laisser place à Karim Ziad (ex-membre du Zawinul syndicate notamment s’il vous plait !) et le virtuose marocain Medhi Nassouli en guests qui nous emmènent vers un héritage musical du Maghreb et de l’Afrique de l’ouest : place à des duos de Guembri et percussions, même Piers en délaisse sa chère guitare pour un temps. Karim Ziad prend alors les rênes de la batterie, et les pulsations gnawas s’enchaînent dans une sorte de transe auquel le public participe avec bonheur.

Puis l’ensemble des musiciens du projet reviennent habiter la scène pour une dernière partie qui sera agrémentée de deux rappels. Un concert de 2h10 n’est pas si courant par les temps qui courent et nous ne saurions que louer la générosité du songwritter italo-anglais à la belle voix qui fascine.

Les deux derniers morceaux sont emblématiques du style et des influences de l’artiste avec un premier morceau annoncé comme mélancolique (mais comme il le dit lui-même, la mélancolie n’est pas triste et le rend heureux), puis un dernier trésor musical avec ce Tribal qui permet tout comme avec All Abord de faire écho avec le public en le faisant chanter et répondre à ses incantations…La promesse est plus que dépassée : la beauté et le plaisir musical auront habité l’opéra jusqu’à son dôme le temps de cette soirée délicieuse.

Pour les amoureux de Piers Faccini, il reviendra très vite à l’opéra versus Amphi cette fois avec le dimanche 23 janvier la suite de ses « chemins des songwritters » consacrés à l’art d’écrire des chansons et d’interroger la création en parole et en musique. Avec toujours l’idée d’accueillir la musique monde, cette fois avec le guitariste et percussionniste camerounais Blick Bassy qui accompagnera en langue bassa de sa terre natale le poète italo-britannique : encore un beau voyage musical en perspective…Comme une envie de rester à bord !

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