08/04/2022 – Tatanka puis Hirsute au premier Festival Jazz en Avril à Roanne

08/04/2022 – Tatanka puis Hirsute au premier Festival Jazz en Avril à Roanne

Tatanka

Une grande première à Roanne avec cette programmation de Jazz en Avril organisé par Canal Jazz.

La salle du Diapason n’est pas pleine mais tout de même le public est présent pour apprécier ce trio Lyonnais surprenant : Tatanka. Ils nous font traverser des sphères émotionnelles tout en nous faisant découvrir leur dernier album « Forêts ».

Les titres sont déjà tout un programme. Nous débutons avec Divague partant sur des sons préenregistrés sur le synthé sur lequel se pose délicatement la trompette d’Emmanuelle Legros. Les voix du batteur, du pianiste et de la trompettiste viennent amener beaucoup de douceur après un moment de délire sur les claviers et des sons grinçants de la trompette dans les aigus. Ils jouent beaucoup sur des contrastes d’ambiances. Quand Emmanuelle troque la trompette pour le bugle pour se lancer dans une impro magnifique, nous sommes transportés par ce son fabuleux.

Force, une composition du batteur Corentin Quemener, commence à la trompette qui semble chercher du regard le batteur, le pianiste puis le public. Tout est un dialogue incessant entre instruments, voix et personnes. S’imbrique à la suite Nana Bozo ou l’empêcheur de tourner en rond, écrit par Guillaume Lavergne qui jongle entre synthé, Fender Rhodes, voix et piano.

Le morceau suivant Humus débute cette fois au piano avant que la trompette et le tom de Corentin jouent en homorythmie puis nous entraîne sur une mélodie très dansante style Gigue Irlandaise.

Nous voilà partis suivre la naissance d’une rivière et son aventure au long cours jusqu’à son embouchure avec D’eaux. Que de péripéties émotionnelles dans cette composition d’Emmanuelle, avec toujours en fond une note répétée en permanence soit par le piano soit par le batteur, marquant l’incontournable chemin de l’eau malgré les obstacles. Le son grossit de plus en plus jusqu’à se perdre dans un souffle de trompette au milieu de l’océan…..

Suit Menuet des sous-bois, inspiré d’un air de Claude Debussy d’une grande sensibilité et beauté.

Bravo pour ce trio qui maîtrise à la perfection rythmes, instruments, voix et s’amusent avec délice pour les spectateurs ; une musique narrative qui aiguillonne l’imagination.

 

 

Hirsute

Changement de plateau et d’ambiance avec les compositions de ce groupe qui rentre directement dans la musique en enchaînant les morceaux sans discontinuer presque jusqu’à la fin du set.

Michel Molines à la contrebasse commence accompagné du piano puis rejoint par un ensemble parfait des soufflants pourtant tout en contretemps. Damien Sabatier au saxophone baryton entame le deuxième morceau avec une discussion ininterrompue sur son instrument, en souffle continu, accompagné par des sons un peu grinçant à l’archet de Michel. L’unité est sans faille entre le baryton et la clarinette basse jouée par Pierre Horckmans, nous gratifiant d’un très beau chorus.

Nous n’avons pas le temps de souffler nous non plus, tant les notes volent de partout sur des rythmes toujours décalés tout cela accompagné très finement à la batterie et multiples accessoires par Guillaume Bertrand.

Le temps d’un morceau, Pierre laisse sa clarinette basse pour la clarinette pour échanger avec Anne Quillier au piano très présente autant par son jeu très recherché, parfois léger, parfois plus tonique, ne laissant aucune touche du clavier inexplorée.

Puis Anne impose le rythme au piano tandis que le thème est joué par la clarinette basse et le baryton dans une nouvelle ambiance toujours très fournie au niveau des sons de chacun. Juste le temps d’une salve d’applaudissement et les voilà replongeant dans un monde de claquements sonores instaurés par le slap des bois. Quelle maîtrise du son de la part des soufflants parvenant à garder l’articulation de l’écriture malgré la vitesse et la difficulté de l’instrument ! Bref, ce sont des pointures.

Le voyage continue avec Hirsute, la parole circule, les harmonies se font et se défont.

Une introduction du piano seul avec un jeu puissant qui évolue pour déboucher sur un solo de batterie impressionnant. Anne Quillier se lève enfin de son piano pour annoncer le morceau suivant dont le titre annonce bien la couleur ; Pyramide de plasma. Guillaume commence seul avec de petits sons divers et variés utilisant des petites sonnettes et autres accessoires sonores. La base étant posée, place aux architectes de l’espace sonore pour construire devant nous un édifice impressionnant et immatériel, contenant difficilement l’énergie débordante de ce plasma bouillonnant.

En rappel tout commence calmement avant de de s’emballer sur un tempo rapide et dansant qui pourrait à merveille accompagner un manga survolté.

Il est temps de reprendre son souffle avant d’affronter celui de la tempête qui nous cueille à la sortie du diapason.

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