03/08/2022 – Inui au concours du Crest Jazz

03/08/2022 – Inui au concours du Crest Jazz

Dialogue à la terrasse de La Tartine à l’heure des balances sur la scène du concours, hors de vue mais à portée d’oreille :

  • (Perdant le fil de la conversation) :
    Oulà, dis-donc, ça me plaît bien ça !
  • (Entendant les essais voix, unissons et delay)
    C’est quand même bien ce qu’on fait avec l’électronique
  • Pas sûr que ce soit de l’électronique. On verra bien tout à l’heure
  • (Entendant les essais groupe complet)
    Ça promet !

Premier morceau du set, Sirènes, longue incantation à deux voix, laisse le temps de s’immerger dans l’univers singulier d’Inui. Au passage, on comprend tout de suite que ce que nous avions entendu tantôt ne devait rien à l’électronique, en particulier, le delay fait maison, subtil décalage parfaitement maîtrisé des deux chanteuses. Face à face, Clémence Lagier et Valeria Vitrano fourbissent les dernières connexions en même temps qu’elles se déconnectent de leur environnement.

Murmuration est le premier morceau interprété par la formation complète. Main gauche sur le synthétiseur basse, main droite sur le clavier et les effets, Maya Cros pose la métrique à cinq temps ; on n’est pas dans l’ordinaire … Bien carré, Dimitri Kogane pose sa batterie sur le tempo lancinant du synthétiseur, en même temps que les voix. Sans abandonner son ostinato de basse, Maya Cros prend un chorus court mas prolixe, avec dissonances impeccables dans ce monde étrange. Pour ma part, je retrouve la sophistication des arrangements vocaux lumineux des grands albums de YES.

Encore sur une cadence impaire, Aria voit arriver les premières improvisations vocales, solistes ou partagées. Jamais très loin, le thème se décline en tonalités étagées. La symbiose est parfaite, l’évasion est assurée.

Intro céleste pour Incendie, qui se poursuit sur une cadence complexe marquée par des percussions corporelles ; nous voilà dans le chaos des flammes, tout s’emballe pour une chute brutale dans le néant.

Dans la forêt nous transporte dans le monde des elfes, aux cadences acrobatiques, suivi de Shadows, conte en forme de ballade ou l’inverse. Où on s’aperçoit que Maya Cros assurer un double travail phénoménal, avec des lignes de basses omniprésentes et pas toujours faciles et des harmonies comme un laser sur une boule à facettes, nappes, contrechants, arpèges se combinent à l’infini et illuminent les moindres recoins de ces compositions originales.

Le set se termine par Primitives, titre qui colle parfaitement à la frappe féroce et limpide de Dimitri Kogane.

Promesse tenue pour cette escapade bénéfique hors des sentiers battus.

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