16/03/2023 – Azadi pour Jazz(e) à Montbrison

16/03/2023 – Azadi pour Jazz(e) à Montbrison

Le théâtre des pénitents accueille ce soir, dans le cadre de Jazz(e) à Montbrison, un quartet de jazz oriental, avec Madeleine Cazenave, pianiste discrète mais au jeu très présent. Venant du classique, elle a peu à peu eu besoin de liberté en laissant aller son imagination dans l’improvisation. Azadi en Kurde et en Persan veut dire « liberté » et ce n’est pas un hasard….. le groupe expose également des « couleurs géographiques ».

Nous sommes d’entrée plongés dans une atmosphère intimiste piano et voix mais pas n’importe laquelle !!!! En effet Camille Saglio commence par un son très proche de la trompette, mains presque jointes, puis il glisse tout naturellement vers les aigus, imite le vent et maintenant chante dans les graves avec un timbre chaud et envoûtant, donnant un aperçu de ce que nous allons vivre ce soir. Ils sont rejoints par le clavier et la basse dans une ritournelle. Sibê et Fantôme se sont succédés, deux morceaux de leur premier tome Azadi.

Madeleine introduit dans un son très pur au piano Incognito, accompagnée par la voix très douce de Camille même s’il est dans le registre des aigus. Cette fois la batterie, ou plutôt les percussions, est présente avec aux commandes Gurvan L’Helgoualc’h : un tom basse et une charley surmontée de petites percussion, un daf à l’horizontale (grand tambour sur cadre normalement utilisé à la verticale frappée avec la main dans la musique iranienne ainsi qu’au moyen orient), un tambour plus petit sur cadre remplaçant la caisse claire et de grandes cymbales .

Vie Manga, chant traditionnel du Sénégal, sur lequel Camille débute à la voix et au N’goni, petit frère de la Kora, instrument à cordes pincées de l’Afrique de l’ouest. Il est rejoint par Xavier Pourcher à la clarinette basse et Gurvan aux percussions à la main cette fois.

Le voyage continu et nous amène à Temra, quartier de Dacca, capitale du Bangladesh, morceau introduit par une symbiose entre voix et basse produisant des sons longs qui nous font rentrer en vibration. Le piano , préparé par Madeleine, émet un son de balafon sur des phrases très répétitives. A l’arrière Xavier a rejoint ses machines et s’amuse en accompagnant ses compères avec des effets de looper superposant ainsi la voix de Camille.

Sous la Raïma voit ce dernier passer au Oud se fondant avec le piano dans un ensemble parfait, accompagnés par la clarinette basse et la batterie aux mains.

Un hommage à Lhasa de Sela, chanteuse américano-mexicaine décédée il y a 12 ans, sur une de ses chansons en espagnol cette fois, Con toda palabra. Et oui Camille non seulement joue avec sa voix dans toutes les tessitures mais il chante en arabe, en diolla, en bambara, en hébreu, en brésilien …….Après un début très classique au piano, le chant est soutenu par des nappes au clavier et machines et des sons très graves à la basse sur un jeu de pédales.

Gurvan introduit Dune à la batterie avec des fagots bien particuliers ressemblant à de la paille de riz permettant un son très clair, léger et percussif sur les cymbales. Camille reprend le oud pour s’accompagner, épaulé par le clavier et le piano partant sur un rythme aux mesures indéterminables.

Cette fois La 39ème session, sur lequel ils ont eu la joie d’être accompagné par Erik Truffaz lors de l’enregistrement de leur album Azadi, est basé sur le discours en 1984 de Thomas Sankara, Président du Burkina Faso. Alternance donc d’extraits du discours et de leur composition au son très équilibré, la présence d’un trompettiste hors pair à la voix par Camille !

Madeleine penchée sur les cordes du piano les fait  gronder comme un tambour chamanique nous faisait entrer dans un monde parallèle avec Incantation. La voix de haute contre de Camille s’installe avant de chuchoter dans le micro comme si nous entendions des voix.

Nous revoilà sur terre dans une composition de Madeleine et Camille, Motherless, relatant l’histoire d’enfants jouant de la musique classique avec leurs parents à côté (piano basse sur un beau thème très classique). Ceux-ci s’absentent, permettant à leur progéniture d’en profiter pour inviter leurs copains et délirer (le quartet se reforme sur une ambiance limite techno enflammant le théâtre). Tout le monde tape le rythme dans les mains et le rappel s’impose.

Pour calmer les esprits, ils enchainent avec Ani Sou signifiant bonne nuit. Camille reprend le N’goni chantant dans les graves accompagné du piano sur un thème très répétitif.

Nous finissons avec Atish Bazi sur une intro oud / basse. Le rythme est très chaloupé et oriental. Xavier nous concocte un son ressemblant au zorna de même famille que la bombarde dans un dialogue avec la voix de Camille.

Un grand merci, pour cette découverte musicale très riche, à la qualité des musiciens et leur plaisir de partager leur liberté ainsi qu’à toute l’équipe du théâtre toujours au top.

Auteurs/autrices