22/04/2023 – Renaud Garcia-Fons et Derya Türkan au théâtre Novarina de Thonon-les-Bains

22/04/2023 – Renaud Garcia-Fons et Derya Türkan au théâtre Novarina de Thonon-les-Bains

Les deux extrêmes des cordes frottées sont réunis sur scène pour le projet « Silk Moon », la « lune de soie ». Le plus petit, la kemençe d’Istanbul à trois cordes, est joué par Derya Türkan, Renaud Garcia-Fons étant aux commandes de sa contrebasse à cinq cordes.

Le concert débute avec Silk Moon, évocation de la route de la soie, qui a longtemps été le lien entre les civilisations, vecteur du mélange des cultures. Il faudra attendre la fin du morceau pour entendre le thème, point de convergence d’une conversation passionnée entre les deux musiciens, improvisations croisées soutenues à tour de rôle par un tapis en note continue agrémenté de contrechants et de figures acrobatiques, jeu à l’archet et pincement de corde en simultané.

Bahar Zamani, le « retour du printemps », traduit l’énergie du réveil de la nature ; on est à deux doigts du slap à certains moments. La voie est ouverte pour A girl from Instanbul, autre mélodie écrite par Derya Türkan ; la contrebasse installe le rythme, puis passe le relais au looper pour rejoindre le kemençe et enrichir la mélodie. Ciselé sur mesure.

Le voyage continue : petit déjeuner dans le jardin verdoyant d’une Beautiful House in Bad Homburg, aux accents baroques, romantique et rafraîchissant, à l’unisson d’abord. Variations savamment dosées entre modes majeur et mineur, les improvisations s’appuient sur un tic-tac captivant qui passe de l’un à l’autre. Les mélodies s’orientalisent, la base rythmique s’enrichit progressivement jusqu’à devenir un bourdonnement agité qui marque le départ sur la route de la soie, Camino de Sed, en passant par la péninsule ibérique, berceau du flamenco, où nous reconnaîtrons un ou deux clins d’œil à l’ami Dorantès, autre compagnon de route du contrebassiste. Le voyage se termine avec Kurdish Mood, thème issu de l’album solo de Renaud Garcia-Fons, que les deux musiciens prennent grand plaisir à jouer ensemble. Le spectacle des doigts dansant sur les touches des instruments et de l’archet bondissant sur les cordes est toujours aussi fascinant.

Bosphorus Nostalgia ramène temporairement un peu de tranquillité, avant de se dérouter en Afrique avec Inanga, du nom d’un instrument à cordes pincées du Burundi avec une entrée remarquée du kemençe sur un stop chorus étincelant.

Après une berceuse à cinq temps tout en harmonies apaisantes, Konstantinoupoli Reflections clôture le set avec sa mélodie éthérée, véritable incitation à la méditation contemplative qui se savoure sans modération.

Le duo laisse son public serein et réceptif, prêt à se laisser emporter par la suite du concert.

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