31/07/2023 – Soirée Thomas de Pourquery au Crest Jazz

31/07/2023 – Soirée Thomas de Pourquery au Crest Jazz

L’atelier Création du Crest Jazz

Sous la houlette de Loïs Le Van, qui en assure l’animation, la direction et les arrangements, l’atelier Création de Crest Jazz planchait cette année sur le répertoire de Thomas de Pourquery et présentait le résultat de son travail en ouverture de soirée. Sans le savoir, nous étions déjà dans l’inspiration du concert qui allait suivre, avec des arrangements plutôt planants qui mettaient en valeur les voix des 12 participants, en chœur ou en solistes. Les improvisations vocales s’envolent, les harmonies sont délicates et frottent parfois, savamment, se font discrètes jusqu’à l’unisson. Deux improvisations collectives se glissent dans le répertoire : notes longues, notes courtes, forte ou piano, tout le travail de la voix est mis en valeur. A la première, sur laquelle la soliste Charlotte Ulysse propose quelques variations émaillées d’interventions bruitistes, succèdent I love so many things puis Love in outer space (Sun Ra) où les vocalistes reçoivent le soutien de Sandrine Marchetti au piano, Michel Molines à la contrebasse et Roland Merlinc à la batterie. ; Isabelle Etienne-Husson nous gratifie d’un chorus dynamique bien inspiré.

Pour la seconde improvisation, Michellemarie Claassen explore les confins de sa tessiture, claire et chaleureuse, tout en notes longues et bien choisies.

From planet to planet commence comme une comptine enfantine jusqu’à l’entrée en scène de Thomas de Porquery qui, en deux notes de saxophone nous transporte au cœur d’une grande parade emphatique qui donne un coup de fouet à la formation.

Après une belle introduction de Michel Molines à la contrebasse, Benoît Massiot interprète On my knees. Le chorus de saxophone est une longue plainte qui s’étire sur les harmonies vocales.

Thomas de Pourquery : projet pop et psychédélique

Aux commandes d’un piano électrique Wurlitzer, au son caractéristiques des années 70, et surtout au chant, Thomas de Pourquery est accompagné par Akemi Fujimori aux claviers, Etienne Jaumet au synthé (et quel synthé !) et au saxophone alto, Sylvain Daniel à la basse et David Aknin à la batterie. Le set revisite la musique pop psychédélique des années 70 et 80, et les influences nombreuses sonnent familièrement aux oreilles des ados de cette époque. Klaus Schulze et Rick Wakeman, Alan Parson, Orchestral Manœuvres in the Dark, Pink Floyd des premières heures, David Bowie et Bernard Lavilliers hantent ce répertoire de compositions originales aux arrangements musclés. Thomas de Pourquery excelle dans tous les registres où il s’aventure. Il occupe l’espace, défie la pesanteur, déclame, tout en titillant son clavier de la main gauche, un réquisitoire du regretté Pierre Desproges (celui de Régine Deforges qui parodie un texte érotique alambiqué, vous vous rappellerez comme moi de ce cri poussé par l’héroïne : « E pricoloso branletsi »). Le réquisitoire de Thomas de Pourquery avec Lonely Golden Boy n’est pas piqué des hannetons non plus ; le bassiste y prend un chorus au plectre mêlant sonorités de Rickenbacker façon Chris Squire et slap soft du plus bel effet. Après Let the Monster fall, les stagiaires de l’atelier Création rejoignent la scène pour un final monumental qui se prolonge en grande communion disco avec chœurs sur scène et dans les gradins ; le grand jeu.

Assistant pour la première fois à un concert de Thomas de Pourquery, j’ai pris la musique comme elle venait, sans a priori ni attente particulière. Mais les commentaires entendus ici et là m’ont fait comprendre qu’il a bien surpris son monde. C’est certainement une spécialité.

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