02/08/2023 – Sixun au Crest Jazz

02/08/2023 – Sixun au Crest Jazz

Soirée Spedidam : « Six-un au troisième set : retour gagnant ! »

Les années passant, les retours de grandes formations sur la scène sont toujours dangereux. Ce n’est pas le cas de Sixun qui, après quinze ans d’absence, se relance avec un nouvel album et une tournée des grands ducs qui passe par bon nombre de festivals de jazz de l’Hexagone. Crest a l’heur de faire partie des élus.

Le quintet fondateur est là au grand complet : Michel Alibo à la basse, Jean-Pierre Como aux claviers, Alain Debiossat aux saxophones, Louis Winsberg à la guitare et bien sûr, Paco Sery derrière les fûts. Stéphane Edouard est aussi de la partie, aux percussions et au Konnakol (technique de percussion vocale de l’Inde du Sud) ; il fait partie du groupe depuis bientôt 20 ans.

Et tout ce qui fait le style du groupe a bien été convoqué pour ce concert : la rythmique d’enfer, les breaks à couper le souffle, les marquages ultra-précis, les contrepieds harmoniques et rythmiques et les salves percussives. Tout est parfaitement en place, bien rodé, et laisse la place à une spontanéité débridée qui emballe le public conquis à l’avance.

Michel Alibo, impérial avec sa vieille Jazzbass tout autant que sa Fodera Yin Yang (un vrai bijou de sonorité) ou son Alibo Sound Machine, d’un rose éclatant. Les lignes sont incisives, les slaps sont fulgurants, tel un coup de tonnerre qui arrive sans prévenir dans le ciel bleu ; les cordes n’ont qu’à bien se tenir !

Louis Winsberg nous livre quelques chorus stratosphériques qui résument à eux seuls tout l’esprit de Sixun ; difficile de faire un commentaire pertinent tant ses interventions emportent l’esprit dans les l’antichambre du paradis acoustique.

Dissimulé derrière ses claviers, et comme à son habitude, Jean-Pierre Como œuvre dans l’ombre pour mieux donner ses couleurs à la fresque musicale, sans se priver de quelques exubérances remarquables et remarquées. Piano électrique et synthétiseurs sont à la fête.

Alain Debossiat alterne avec bonheur saxophones soprano et alto dont il explore les moindres recoins, souvent en lien étroit avec son compère guitariste.

Et les percussions, me direz-vous ? Paco Sery est toujours fantas(ti)que et explosif, entretenant un feu continu de roulements, grands coups de cymbale et caisse claire tonitruante. De l’énergie pure. Il est en cela bien secondé par Stéphane Edouard qui a fort à faire derrières ses percussions multiples ; il donne aussi de la voix, dans un style typiquement indien qui apporte sa couche à la palette déjà riche du répertoire.

Pour le plus grand bonheur du public, le set alterne morceaux anciens (Paesana, Parakali, Peniscola pour ne citer qu’eux) et récents (Very Sixun Trip, Idole, Minor Steps).

Du grand Sixun dont le public a retrouvé avec très grand plaisir la vivacité, l’inventivité, la cohésion et la bonne humeur.

Auteurs/autrices