25/08/2023 – Panam Panic au Château de Pomboz à Saint-Pierre de Curtille pour Batôjazz

25/08/2023 – Panam Panic au Château de Pomboz à Saint-Pierre de Curtille pour Batôjazz

Loin de Panam et sans panique…

 Conjurant le sort malgré une météo post-canicule bien menaçante, le quintet nouvelle formule de Robin Notte a électrojazzifié les fidèles de Batôjazz venus prendre un grand bol d’air frais -à tous les sens du terme- dans cet écrin campagnard perdu sur les hauteurs de la Chautagne. Pas de panique, que de la bonne musique !

  On avait découvert Panam Panic il y a quelques années déjà à Un Doua de Jazz (avec Antiloops) et dans la foulée leurs deux premiers albums (Panam Panic de 2010 et Black Monk en 2015) fort séduisants en matière d’electro-tro-jazz groove. J’avoue être passé à côté de l’excellent Love of Humanity paru il y a deux ans tant le groupe s’est fait assez discret, voire absent notamment côté concert dans notre région. Avec Coccolite en première partie, on n’a donc pas résisté à la proposition de nos amis de Batôjazz de retrouver enfin le quintet parisien drivé par le claviériste et compositeur Robin Notte présent depuis vingt ans dans le circuit.On ignorait aussi que son projet Panam Panic avait été totalement remanié en 2018 avec l’arrivée d’une équipe de jeunes talents de la capitale, qui comme lui ont la double culture jazz et musiques actuelles. D’abord avec un fulgurant duo de cuivres combinant deux souffleurs hors-pair, Lucas Saint-Cricq au sax alto, aussi à l’aise en jazz, pop ou funk (que l’on a vu dans Caravan Palace ou avec L.Coulondre, et cité dernièrement pour l’album de Nicolas Folmer dévolu à Michel Legrand) et Alexandre Hérichon à la trompette, qui a déjà sévit chez No Jazz et Electro Deluxe. Au drumming on retrouve le batteur fondateur d’Ishkero Tao Ehrlich (vu aussi chez Truffaz), et ce soir à la basse le régional de l’étape Noé Berne, jeune Viennois ex élève de Jérôme Regard à Lyon, croisé depuis chez Supa Dupa, Deluxe, et dernièrement avec Tom Ibarra.

Belle équipe alléchante qui, malgré un ciel bien menaçant avec du vent, des éclairs au loin et une bonne averse dès son entrée en scène, n’a pas lambiné à nous mettre au diapason de leur univers sonore. Quelques parapluies installés à la hâte pour épargner les claviers et l’ampli basse des gouttières, sous la frêle bâche tendue devant la bâtisse du château de Pomboz (à Saint-Pierre de Curtille où c’était une première pour le festival)… et le set a pu se dérouler sans entrave, combinant durant plus d’une heure trente musique revigorante et bonne bouffée d’air frais, dans cet écrin perdu sur les hauteurs de la Chautagne, si bienvenu après la terrible canicule de la semaine (mieux qu’au sauna, on a notamment perdu quelques litres de sueur au concert des Lehmanns Brothers au cloître de Brou…).

Une prestation qui n’a cependant pas manqué de chaleur humaine, dès l’intro avec Love of Humanity qui instille son electro-groove croisant,après quelques volutes orientalisantes de sax, puissante rondeur de basse, drumming échevelé, trompette incisive et chorus de Fender Rhodes. Les attaques du duo de cuivres sont dynamiques et piquantes avant que chacun prenne la main pour un chorus stratosphérique sur la rythmique hyper syncopée de Takuya (un hommage au trompettiste japonais Takuya Kuroda qui inspire le groupe comme aussi Roy Hargrove). La trompette garde le lead sur Anomalie avant que le sax déchire tout à son tour en enflammant Free your Mind, une pépite au groove lourdement soutenu par la Fender Jazz bass et la frappe appuyée de Tao.

Au plaisir d’entendre ces titres en live, Panam Panic à rajouté à son répertoire plusieurs morceaux inédits -les titres sont même encore provisoires- qui verront peut-être le jour sur un futur EP, comme Australia et son intro down tempo, entre résonances du delay de piano et des cuivres plus tamisés. Ou encore ce possible Tapis volant qui porterait bien son nom, embarqué par un long chorus de trompette avant l’envolée des nappes de synthé sur un tempo imperturbablement carré.

Des nappes toujours planantes pour l’intro de Space toute en nuances étranges, avec les harmoniques de la basse, la trompette et quelques cymbales, précédant une attaque très jazz-rock de Noé Berne façon Jannick Top.La puissance du titre se démultiplie encore avec un chorus très free où le sax s’époumone tandis qu’en parallèle le drumming s’emballe. Pas de quoi effaroucher le public attentif et plutôt sage jusqu’à cet autre inédit baptisé PLK, au groove toujours très cuivré, sans doute le plus funky de cette set-list et qui en final, à défaut de faire danser des spectateurs assis, réussit à les faire chanter. Alors que Robin aura été assez sobre et discret au fil du set, laissant souvent la voie à ses brillants acolytes, c’est bien le piano du leader qui mènera la danse pour le long titre de rappel . Au grand plaisir de spectateurs qui pour beaucoup on joué le jeu de la découverte en se frottant à ce jazz résolument actuel, avec un quintet très accrocheur qui prouve parfaitement que l’on peut emprunter des chemins plus escarpés voire pointus sans perdre en route les moins initiés.

 

Merci à Matthieu Scheidecker pour le prêt de ses photos

Auteur / autrice