20/10/2023 – Tankus the Henge au Quarto d’Unieux pour le RhinoJazz(s)

20/10/2023 – Tankus the Henge au Quarto d’Unieux pour le RhinoJazz(s)

Décidément, le Rhino a du flair. Et du goût. L’une des dernières pépites du festival, qui du 1er au 22 octobre aura enchanté par son éclectisme, c’est à Londres que Ludovic Chazalon est allé la trouver. Il s’agit du sextet «Tankus the Henge », un combo incroyable qui a transformé le Quarto d’Unieux, à l’origine salle de ciné, en un cabaret-pub enfumé. Vrai, ces six-là ont mis le feu lors d’un set jubilatoire. Même le piano s’est transformé en volcan, crachant des bordées de fumerolles. On ne s’attendait pas à les voir dans une telle jauge, le groupe étant considéré « omme l’un des meilleurs lives européens actuels « . Cette date était d’ailleurs la dernière de leur tournée en France, une chance de ne pas les avoir ratés. On se demandait aussi comment le public, assis, bien sage et disons-le, un peu chenu, réagirait à tant de sons griffus. Eh bien, c’est simple, au bout de quelques morceaux, il s’est levé et il a dansé, yes! Il faut dire que les Londoniens ont fait ce qu’il fallait pour ça. Soulignons le mot « Londoniens », parce même si le groupe s’est dit « for ever european » et qu’il a asséné un révolté « Fuck brexit », il est quand même so british et c’est génial.

Créé en 2010, il est emmené par Jaz Delorean, un fabuleux pianiste, compositeur, tromboniste, chanteur… comédien et acrobate. A ses côtés, ils sont cinq, vêtus de T-shirts seventies, de chemises ou de couvre-chefs un brin pépères ou dandy, c’est selon, à assurer une pulsation cuivrée et unique. Que ce soit à la guitare, à la basse, au trombone, à la batterie ou au sax ténor, ce sont tous des cadors, des musiciens hors-pair, des vrais, dans le jeu comme dans les capacités harmoniques. Ils pratiquent, paraît-il, un Gonzo rock’n’roll, « style hybride en lien avec le pianiste de jazz James Brook et le journaliste-écrivain Hunter S-Thompson ». Ce sont surtout des magiciens, capables de transformer une scène en un Luna Park (chanson et titre de leur troisième opus, sorti en mars 2021) à la fois sombre et incandescent. Au fil du concert et de l’album, c’est l’histoire d’une fuite qu’ils racontent, un voyage pour quitter un monde pollué par le Glitterlung (assauts enflammés des cuivres et des guitares). Ce monde dont le sens leur échappe, Jaz Delorean le chante d’une voix dingue. Bien sûr, on pense à Tom Waits, qui aurait dans la gestuelle un brin de Brel, dans la rage et la tendresse un fond de Springsteen, dans la distinction un zeste de Bukowski… Mais en fait, tout cela est sacrément singulier et sans étiquette. Ça, c’est vraiment du jazz, ce chaudron bouillonnant et si créatif, épicé par du ragtime, des sonorités new-orleans, d’un cocktail pop-rock-funk-blues et on en passe. Elle est où, la guiness ?

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