11/11/2023 – Zaza Desiderio Trio au Hot Club de Lyon

11/11/2023 – Zaza Desiderio Trio au Hot Club de Lyon

Lorsque les trois musiciens arrivent sur la scène du Hot Club (dont aucune place n’est disponible) le ton est donné implicitement par les grands cœurs clairs imprimés sur la chemise noire de Zaza… C’est d’ailleurs lui qui entame cette longue soirée de partage par un solo de batterie, très inspiré, les yeux fermés, utilisant tous les éléments de son instrument… On comprendra mieux son état émotionnel lorsqu’il nous dira ensuite qu’il l’a intitulé H.B. (pour ceux qui s’interrogeraient ce sont les initiales de celle qui partage sa vie).

Entrent alors en jeu Michel Molines et sa contrebasse, Rémi Ploton au piano… Plus besoin de présenter ces deux musiciens qui conjuguent talent, engagement, sourire, qualités humaines (indissociables pour moi d’un musicien accompli…) Je suis impatiente de tenter de vous faire entrer dans cette bulle d’amour magique que fut ce concert…

Arrive É o fim da Procissão (C’est la fin de la procession) écrit par Zaza, inspiré des impressionnantes processions du Nordeste du Brésil qui nous chante longuement la couleur et la durée de cette communion par un défilé répétitif de thèmes enjoués et tendres. Cette mélodie, ponctuée discrètement par des sons électroniques, nous immerge dans cette fête qui avance doucement vers un tempo plus lent évoquant un cœur qui bat… enchaîné par un long solo de contrebasse pour nous laisser doucement quitter cette procession.

Sans transition Bien arrivé, également composé par Zaza, nous plonge dans une longue récréation où les trois artistes se répondent, se cherchent, s’amusent… avec l’aide discrète de l’électronique… qui magnifie le long solo délicat, méditatif du piano… et le contrebassiste semble nous rappeler le cœur qui bat avant d’être rejoint par ses amis qui passent à Miss Ifa, écrite justement par Michel Molines qui nous entraîne dans une mélodie avec une pièce alternant  retours au calme et  phrase qui se répète joyeusement.

Zaza prend ensuite la parole pour exprimer sa joie d’être avec nous ce soir sur cette scène spéciale du Hot Club, remercie… nous rappelle des valeurs essentielles : joie, respect, amitié, partage. Cette parole précieuse précédera Camille et Kim, composée par Rémi Ploton (dont on connaît le travail avec les enfants au sein de « Le temps de le dire »), morceau dédicacé aux enfants. Zaza y utilisera les balais et les mailloches pour renforcer la douceur de l’enfance dans ce que j’appréhende comme une comptine où la contrebasse chante. Ce long morceau virtuose me fait l’effet de pénétrer dans une grande cour de récréation où se mêlent les jeux variés des enfants : marelle, corde à sauter, clé de St Georges puis retour au calme progressif… il faut rentrer en classe… et laisser se reposer les musiciens pour le public qui a droit à un entracte bénéfique pour échanger et émerger de cette bulle positive…

Lorsque les trois artistes reprennent possession de leurs instruments, ce sera pour Cyclic Episode, chanson des 60’s de Sam Rivers, qui retrouve un souffle nouveau, une improvisation commune rapide et très mélodieuse qui nous replonge instantanément dans l’ambiance du premier set. Sans interruption, Dona Nilva (écrite par Zaza pour sa maman) où Michel Molines utilise aussi l’archet dans ce morceau tout en douceur et en gaîté qui nous plonge dans le quotidien maternel varié et foisonnant… Le morceau se finit par une bande son où Zaza nous expliquera que c’est la voix de sa maman qui converse avec son papa. Il reprend la parole pour nous expliquer cela et, toujours avec son sourire légendaire, introduire L’enchanteur, composition de Rémi Ploton où le trio, très engagé physiquement, sourit et nous emmène jusqu’à l’audition renouvelée d’une bande son en langue portugaise qui nous fait voyager encore plus…

Until daybreak entamé par le piano et une voix d’enfant sera dédicacé à sa petite Isa présente avec sa maman dans la salle, moment de grâce (encore l’utilisation de l’archet temporairement pour Michel) qui nous plonge dans la candeur, la joie innocente de l’enfance…

Pour nous enchanter une dernière fois, après que Zaza remercie encore les bénévoles, Sir Kev, composé par Rémi, sera un très long foisonnement de thèmes gais, rapides, une communion entre ces trois musiciens qui se connaissent, s’apprécient, partagent les mêmes valeurs.

Point besoin de superlatifs pour évoquer ce long partage… Restons dans l’émotion vraie en écoutant en rappel une interprétation du Déserteur de Boris Vian choisi pour honorer la mémoire de Pierre « Tiboum » Gagnon, parti cet été… qui a certainement partagé avec nous cette bulle multicolore d’amour musical…

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