25/11/2023 – Hommage à Michel Petrucciani au Jazz Club de Voiron

25/11/2023 – Hommage à Michel Petrucciani au Jazz Club de Voiron

Bel hommage à un géant, au jazz club de Voiron à St Etienne de Crossey

Le Mister jazz qu’est José Fallot, homme paisible et sensible, invite avec son compère Etienne Brachet, deux pointures, Franck Avitabile et Baptiste Herbin, pour rendre hommage à un géant qu’était Michel Petrucciani. Une coïncidence, Baptiste Herbin fut élu musicien français de l’année, lors d’un autre hommage rendu au pianiste prodige par Franck Avitabile lors de cette cession à la Seine Musicale en 2019. Comme souvent sur les opus de Michel Petrucciani, la set list griffonnée sur un coin de table, était composée de compositions du pianiste et de standards.

Brazilian Like en intro, avec un morceau caché les feuilles mortes selon Franck. Trading permet à Baptiste et José de montrer leur dextérité émérite. Michel Petrucciani était un virtuose, nous en eûmes deux autres ce soir. Souvent Franck démarre les morceaux à la manière de son mentor. Ses doigts se détachent de ses touches et font ruisselet ses notes délicates de ce flux de sons ardent. Baptiste quant à lui, prit une part importante dans ce concert distillant ses notes venues d’ailleurs, dans un rythme endiablé, débit ultra fluide comme un torrent de sons acides et démesurés. Hope et Lullaby se succèdent pour aboutir à un magnifique duo de Franck et Baptiste sur le célèbre, these foolish things. Une conversation intime entre deux amis, comme s’ils parlaient d’un bon vin qu’ils dégusteraient ensemble. Ils se racontent une histoire intimiste, ivresse des sons subtils. Ce premier set se termine sur Looking up dans une tonalité inhabituelle, standard du maitre que l’on retrouve dans bon nombre de ses opus, avec deux excellents sidemen, José et Etienne, au service de leurs invités.

Puis vint le morceau de bravoure de la soirée qui déchaîna l’enthousiasme du public. Un morceau souvent joué par le maître, le Caravan de Duke Ellington. Une ouverture de la batterie qui donne le ton, puis une main gauche qui emprunte l’intro de she did it again avant de virer vers les notes orientales. Baptiste alterne main gauche sur le ténor, main droite sur le soprano. Dialogue entre les deux instruments, alternativement, pour fusionner dans la même bouche à la manière de Roland Kirk. Performance de haut vol qui mit en transe le public. Chacun y est allé de son solo, syncopé pour José, et autoritaire pour Etienne, inventif pour Franck.

Little piece in C for U, permet d’accueillir Michael Cheret au sax ténor pour former un quintet avec deux sax. Ambiance amicale et complice. Puis pour terminer sur les rappels, un clin d’œil de Franck pour Carla Bley avec son Lawns autre morceau caché. Carla rare compositrice de jazz féminine qui vient de s’éteindre il y a un mois.

Belle soirée, remplie de sensibilité et virtuosité à l’image du virtuose honoré de cette soirée.

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