29/11/2023 – Soirée d’ouverture du forum JAZZ(s)RA, Chapelle de La Trinité

29/11/2023 – Soirée d’ouverture du forum JAZZ(s)RA, Chapelle de La Trinité

C’est la Chapelle de La Trinité qui sert ce soir d’écrin à la première soirée du cinquième forum Jazz(s)RA. Introduit par Pascal Buesnoz, qui remercie le Hot Club et les Grands Concerts pour leur soutien, ce concert accueillera deux formations soutenues par la plateforme. Il n’oublie pas d’évoquer Mario Stanchev qui nous a quittés il y a peu et qui sera célébré par un concert du carillon de l’hôtel de ville qui reprendra des thèmes variés dont certains de Mario.

Il est rejoint par Franck Edouard qui représente la SPEDIDAM, qui nous explique le rôle et les actions menées dont notamment ce soir le soutien à Pierre Baldy-Moulinier et Célia Kameni.

Nous voici donc dans ce lieu chargé d’histoire qu’est la Chapelle de La Trinité, où nous avons plus l’habitude d’écouter les Grands Concerts, chapelle richement décorée de statues, tableaux…

 

Amphytrio

Arrivent alors les trois musiciens d’Amphytrio, Pierre Baldy-Moulinier se positionnant à jardin devant ses instruments (trombone, trompette, tuba, bugle), suivi de Nicolas Frache (basse Fender et deux guitares dont une Gibson) et à cour Sylvain Félix (clarinette basse, saxos soprano, alto, ténor, basse). Tous ces instruments seront utilisés alternativement par les trois musiciens qui interpréteront principalement des morceaux de l’album Cheval de Troie sorti en 2020.

Pierre nous explique que le premier a été arrangé par les trois musiciens, le chiffre 3 étant récurrent dans ce projet, le fil conducteur étant l’Odyssée d’Homère. La Danse des Ménades évoquera les nymphes qui accompagnaient Bacchus. Ce sont alors le tuba, le bugle, le trombone, la guitare et le saxo qui nous entraînent dans cette danse aux mouvements rapides, vifs, enlevés, joyeux qui s’apaisent ensuite. Nicolas Frache introduit ensuite à la guitare cette « bizarre », comme la définit Pierre, Marche du Minotaure.

Puis il présente MM qu’il a écrit pour sa professeure de flûte, flûte qui a été son premier instrument quand il était « petit », balade où bugle, clarinette basse et guitare se répondent avant de finir par un point d’orgue. S’ensuit Volution, long morceau écrit par Sylvain (le seul) où ce sera une succession d’interventions du trombone, de la guitare, de la clarinette basse, le chant du trombone étant particulièrement mis en valeur. Le style est différent pour la courte pièce qui suit, dodécaphonique où Pierre utilise sa flûte à bec.

Les séries de Pythagore précèdent Cheval de Troie, titre éponyme de leur opus de 2020. Trombone, guitare, saxo se partagent les soli avant un final collectif. Le court Astreios, évoquant le dieu du vent, nous plonge dans cette ambiance ventée où bruits étranges et sons habituels des instruments se côtoient. Le morceau est rapide, la flûte à bec gaie et précise. Les Forges d’Héphaistos précède la présentation par Pierre des musiciens de ce trio brillant et positif. Le sourire de ces instrumentistes qui se connaissent bien et le regard tendre et toujours bienveillant de Pierre en sont témoins.

Pour finir ce voyage dans l’univers de l’Odyssée d’Homère, il a imaginé que celui-ci aurait pu se rendre en Roumanie et nous offre Les tribulations d’Ulysse du côté des Daces. Là, ce sont tuba, guitare, sax qui entraînent le public conquis dans un brillant folklore final copieusement applaudi.

 

Célia Kameni – Méduse

Après l’entracte,  Célia Kameni arrive sur la scène qui a été aménagée avec un tapis et des bougies disséminées au sol, toute de blanc vêtue, pantalon large, long manteau à traîne, accompagnée du guitariste Giani Caserotto, du pianiste Thibault Gomez devant un Steinway et de la violoncelliste Juliette Serrad. Le ton est donné par le pianiste qui introduit, avec des manipulations à l’intérieur du piano, Méduse, projet écrit par Célia, en collaboration avec Yaël Naïm. La longue plainte en anglais quand elle entame son concert sera suivie d’un titre en français où l’intensité est amplifiée par les mouvements amples et théâtraux de la chanteuse.

Célia remercie… chante ensuite en anglais, en français, un morceau introduit par la violoncelliste qui alternera la virtuosité à l’archet et les pincements de cordes. Célia interprétera une chanson écrite avec Sarah Mikovski, chanson qu’elle qualifie d’importante pour « enlever l’armure » et permettre une meilleure communication. Dans ses créations, l’espoir est présent comme cette chanson qui finit par « Tu ne tomberas pas ». Qu’elle s’agenouille à côté de la violoncelliste pour un duo où qu’elle accueille ses « cinq amies de cœur  lyonnaises » pour une polyphonie sensible, Célia nous emmène dans son nouvel univers musical. On a connu Célia plus soul, plus jazz et on la découvre dans les compositions plus pop de ce projet Méduse, avec toujours sa voix profonde et chaude.

(Médusés, nous l’avons été par ce vidéaste, apparemment prévu par l’artiste, qui nous a offert durant les prestations des deux formations un « magnifique » ballet lent et répété à plusieurs reprises, très proche des musiciens, ternissant la beauté du lieu et des œuvres présentées.)

 

Auteurs/autrices