04/02/2024 – Jean-François Zygel au Théâtre François Ponsard de Vienne

04/02/2024 – Jean-François Zygel au Théâtre François Ponsard de Vienne

Cela fait déjà bien longtemps que le « Cantor de Leipzig  » a inspiré les musiciens de jazz . Les plus de cinquante ans se souviennent surement du trio Play Bach initié par Jacques Louissier en 1959 dont l’objet était de reprendre à la sauce « jazz » les principales œuvres de Jean Sébastien Bach (1685 – 1750). De son côté Bill Evans considérait Bach comme l’un de ses principaux modèles et affirmait : “On ne peut jamais jouer assez de Bach”. Et que dire de Keith Jarrett qui connait son Bach par cœur.

Dans cette continuité Jean-François Zygel nous propose aujourd’hui ses « Fantaisies sur Bach » à l’invitation des « Dimanches musicaux de Vienne » et de Jazz à Vienne qui inscrit ce concert dans sa « saison ».

L’annonce du concert reprend une citation du musicien : « Il y a toujours un moment dans la vie d’un musicien où Bach lui tombe sur la tête… Prenez Mozart, Beethoven, Schumann (qui disait du Clavier bien tempéré qu’il était son “ pain quotidien ”), Chopin (qui commençait ses journées par l’exécution d’un Prélude et fugue), Brahms, Liszt, sans oublier, plus proches de nous, Chostakovitch et ses vingt-quatre Préludes et fugues, Hindemith et son Ludus Tonalis. Plus récemment, Bach est devenu la nourriture préférée des improvisateurs, particulièrement des musiciens de jazz.
Serez-vous choqués que je m’empare à mon tour de la musique de Bach, que j’en livre ma vision, que je me souvienne du XVIIIe siècle pour mieux inventer le XXIe siècle ? »

Une belle introduction à ce que nous allons entendre.

Cela fait donc tout drôle de retrouver le théâtre François Ponsard avec ses fauteuils à l’orchestre*. Le pianiste du jour va donc tourner autour de thèmes de Bach et s’en amuser.

On reconnaît d’entrée de jeu la Toccata et fugue en Ré mineur et très vite Jean-François Zygel s’en empare et développe son humeur. Et puis fidèle à ses habitudes didactiques il nous parle de Bach, un brin d’histoire, il nous conte par le menu des talents d’improvisateur. Il établit un rapprochement entre cette musique « baroque » et le jazz.

Le public reconnaît tel ou tel thème (Jésus, que ma joie demeure ; une fugue ; ..)

Le tout est exécuté avec délicatesse et finesse.

Une autre pause pour l’explication de l’art de la fugue et du contrepoint où Bach excellait.

Il évoque ensuite les Suites pour violoncelle dans La version de Fournier qui a bercé son enfance et son adolescence. De là, il se lance dans une gavotte zygelienne.

Il nous raconte d’une manière drolatique la mort de Bach suite à une opération de la cataracte réalisée par le « célèbre » médecin Taylor (qui fera de même quelques années plus tard avec Haendel **), qualifié de « Serial Killer de Génies ». Prétexte à décliner la dernière fugue inachevé en Si bémol dont les quatre notes correspondent en notation allemande à B.A.C.H. (soit chez nous à Si bémol, La, Do, Si naturel)

Il évoque ensuite la pluralité de styles de Bach en mentionnant qu’il avait tout écrit hormis un opéra mais que ses Passions (selon St-Jean et selon St-Matthieu) les équivalaient bien et de butiner sur le choral final de la Passion selon St-Jean.

Fort bizarrement il n’eut pas de rappel juste un salut et plus bizarre encore Jean-François Zygel a fait l’impasse sur les Variations Goldberg, œuvre majeure s’il en est. Cependant, nous avons passé un merveilleux moment en compagnie d’un excellent musicien à la faconde bien posée.

 

*: pour le « club » de Jazz à Vienne , l’orchestre est transformé en club de jazz avec tables bistrot et chaises 

** : voir ici

 

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