Le Trio Barolo nouveau est arrivé ! Nous retrouvons ce soir dans le cadre du partenariat avec Saint-Fons Jazz le trio Barolo pour la deuxième soirée « Bulles de Jazz ». Philippe Euvrard est toujours présent avec sa contrebasse (il est également le compositeur de la majorité des œuvres jouées ce soir), le ténor et accordéoniste Rémy Poulakis et le nouveau membre du trio en la personne de Daniel Zimmerman, le tromboniste qu’on ne présente plus… tous trois vêtus de chemises fleuries.
Dans l’écrin d’une exposition au Centre d’Art Contemporain, tout le monde est remercié par les organisateurs de cet évènement, et une grande pensée est adressée au président de Saint-Fons Jazz, Norbert Gelsumini, pour lui insuffler l’énergie pour se battre contre la maladie qui le handicape actuellement.
Philippe Euvrard entame alors le voyage autour de la Méditerranée qui sera le fil rouge, comme la couleur du vin Barolo, de ce moment de partage musical. Le ballet des airs qu’il avait composé pour le regretté « Tiboum », batteur à l’âme d’enfant qui aimait les avions… tantôt énergique, tantôt plus lent avec l’apport du chant du trombone et l’investissement de Rémy qui joue et chante nous envoûte immédiatement.
Il sera suivi par Retour à Marijampolé, où Philippe explique avoir fait le voyage inverse de ses ancêtres émigrés, morceau alternant encore les solos de Rémy et Daniel soutenus par la contrebasse de Philippe.
Douceur céleste, mélodieux, lent où le trio s’exprime ensemble nous laisse entendre une nouvelle facette de Rémy qui siffle la mélodie.
Circo valse, valse non encore enregistrée, comme plusieurs thèmes de ce soir est tellement entraînant que même la coulisse du trombone semble participer au mouvement dansant.
Bach to Alba, titre au jeu de mots de Philippe qui fait se rejoindre la figure tutélaire des instrumentistes à cordes et le petit village d’Alba, en Ardèche, où il réside, commence par un solo de contrebasse, rejoint par Rémy et Daniel pour un moment inspiré. L’archet glisse, les cordes sont sollicitées avec un doigté rapide, Rémy chante, habité, Daniel participe à la fête avec entrain.
Philippe tape sur la contrebasse, Rémy sur son accordéon, Daniel sur l’embouchure du trombone… pour introduire Poniente (danse d’un vent espagnol). Le rythme s’accélère et Rémy se lève même dans son élan… Philippe tape encore avec le poing sur la caisse de son instrument et ces tempos martelés par le trio nous évoquent véritablement une immersion dans ce courant venté.
Tango pour Seges, nouvelle composition encore, est introduite par la contrebasse seule à l’archet puis rejointe par le trombone et sa sourdine ainsi que l’accordéon au son plus feutré, ce morceau se terminera par un tempo plus vif.
Philippe présente alors les musiciens et ce sera ensuite Tirana, où l’archet est magnifié par quelques effets électroniques du looper, Rémy en profite pour taper le soufflet du plat de la main, le tromboniste a remis sa sourdine, délicatement le trio interprétant ce morceau protéiforme, les rythmes et les ambiances se succèdent, Rémy chante de plus en plus vite… puis tout se calme avec encore un énorme applaudissement du public.
C’est alors que nous retenons notre souffle car l’intro du trombone nous laisse entrevoir E lucevan le stelle, morceau de La Tosca de Puccini, arrangé par Rémy, où nous savons que l’émotion sera telle à l’écoute de son chant puissant, inspiré et envoûtant, que nous ne pourrons retenir une larme.
En rappel, Kalbanic dance (jeu de mots de Philippe entre Kabbale et Balkans) où le trombone joue avec sourdine pour s’en défaire ensuite, Daniel semble, avec ses déplacements sur la scène, « mener la danse » tandis que Rémy l’accompagne en onomatopées, tous deux toujours soutenus par la contrebasse fidèle… Tout cela est rapide, gai…
Le Trio Barolo nous a fait ce soir partager ces émotions uniques du « spectacle vivant » d’autant plus vivant par la personnalité de ces musiciens inqualifiables de sensibilité, de joie, de partage, d’émotions vraies, d’influences multiples… que nous sommes très impatients de retrouver bientôt et nous avons appris l’enregistrement prochain de ces œuvres écoutées ce soir (seules quelques unes ont été gravées sur les deux albums Casa nostra et Le ballet des airs).
Merci au trio pour nous avoir fait voyager, rêver, partager cette émotion musicale incomparable…