08/05/2024 – Le Maxiphone à Jazz dans le Bocage

08/05/2024 – Le Maxiphone à Jazz dans le Bocage

Nous revoilà à Tronget, le cœur du festival, avec le projet Sauvage, construit autour des pièces de Jean-Philippe Rameau, composé et arrangé par «  l’éminence grise dans son esprit dérangé » Fred Pouget, comme le présente avec humour le saxophoniste Guillaume Schmidt.

Nous sommes partis pour un incroyable voyage sans interruption au milieu de chants d’oiseaux, de souffles et bruitages de la part des dix instrumentistes, Benoît Michaud aux manettes de sa vielle à roue lançant des appels dans la forêt. Il va nous faire découvrir son instrument tout au long du concert sous un angle bien différent de ce que nous avons l’habitude d’entendre, avec des sons fabuleux de cordes pincées et autres. Adrien Chennebault volette sur les toms, cymbales et percussions de sa batterie. C’est pratiquement le seul à ne jamais s’arrêter tout au long du set, d’une régularité et précision implacable, et, chose rare pour un batteur, il respire entre chaque phrase jouée. Le morceau se poursuit dans une envolée de tous survolée par la voix magique de la pianiste Maïlys Maronne, qui passe du clavier au piano faisant suivre son micro, l’œil et l’oreille toujours en alerte prête à tout, et aux improvisations généreuses et puissantes. Nous voilà envoutés par la beauté des harmonies tantôt classiques avec des bribes de gigue, gavotte, tantôt à la limite de la dissonance d’une beauté implacable. La mise en place est plus que parfaite, la communion est présente, une complicité évidente règne au sein de l’orchestre, des sourires s’échangent. Nous sommes au cœur d’une musique vraiment vivante et vibrante.

Les improvisations circulent entre les musiciens, chacun a sa place et je ne parlerais pas d’écoute mais de partage. Plusieurs moment de retraits discrets des musiciens laissent la place à différents duos toujours soutenus par la batterie et notamment un échange d’une énergie incroyable entre Guillaume Schmidt au soprano et Janick Martin à l’accordéon diatonique. La synergie est telle qu’il m’est impossible de parler de chaque instrumentiste séparément tellement l’émotion est présente (jusqu’aux larmes) et je ne peux que me laisser imprégner par le bonheur de l’écoute. Aux clarinettes, Fred excelle, la clarinette basse se transforme entre ses mains en sopranino et sa maîtrise du souffle continu lui autorise les plus grandes audaces. Aux flûtes Anne Colas nous fait vibrer avec une présence et un son incroyable doublé d’un sourire qui en dit long sur son plaisir de jouer avec Le Maxiphone. Que ce soit à la guitare, à la mandoline ou à la voix, Maarten Decombel nous enchante également. Et que dire du jeu de la tromboniste Rozann Bézier qui fait corps avec son instrument, mène d’une main de maître les départs de ses acolytes et improvise à merveille.  Quant à Ömer Sarigedik très discret mais si présent aux machines électriques, avec des basses profondes et puissantes sur son pad, et à la basse. Le groupe fait un tout et il est inimaginable d’enlever un seul élément de cet ensemble sans en déstabiliser l’équilibre parfait.

Je ne peux que vous inciter à aller les écouter sur scène dès que vous en aurez l’occasion, c’est du bonheur à l’état pur avec des musiciens hors pair. Merci à Jean Luc Maronne pour cette belle programmation. Merci à Fred pour son grain de folie, sa générosité et cette grande liberté autour d’écritures classiques du dix-huitième siècle.

 

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