Pour clôturer cette soirée, rien de tel qu’une belle représentation de la famille des saxophones embouchés par une section féminine de choix. Un seul petit bémol (et déception personnelle), l’absence de Céline Bonacina derrière son baryton, très bien relayée par Fabrice Theuillon.
Nous devons cette initiative à Lisa Cat-Berro qui mène le jeu et surtout est l’instigatrice de toutes ces sublimes écritures et arrangements pour ce pupitre de haut vol. Tout cela soutenu par une rythmique basse-batterie qui tient discrètement et très efficacement sa place tout en ayant ses moments de gloire.
Pour nous embarquer dans ce voyage inter sax, quoi de mieux que Travel pour nous permettre de voir défiler les paysages à travers nos yeux et nos oreilles. Fabrice a la lourde responsabilité de poser le rythme répétitif, rallié par la gent féminine. Le thème se pose délicatement sur ses bases sous le souffle de Camille Maussion au saxophone soprano qui enchaîne sur un solo très riche aussi à l’aise dans les aigus que dans les graves, d’une justesse éblouissante, avec un jeu de jambes subtil (Parisiano-mimétisme ou recherche du La-grave ?). Pas de doute, la barre est haute et la qualité musicale est au rendez-vous.
Sophie Alour au sax ténor entame le thème suivant Selva Dansa (danse dans la forêt). Cette fois la parole est donnée à Lisa au sax alto.
Inspiré des musiques de film des années 70, Sound track , avec une improvisation puissante et claire de Sophie Alour campée sur ses deux pieds d’une stabilité étonnante.
Cette fois nous rentrons dans l’ère des jeux vidéo avec Analogie technoïde. Le son de l’ensemble est intense et la musique répétitive est de mise provoquant un groove hypnotique. Timothée Robert est très présent à la basse et ponctue le discours des vents par des phrases très rapides. La personnalité de Géraldine Laurent est toute indiquée pour un chorus aux envolées d’une rapidité redoutable, signature de son jeu incroyable à l’alto, suivie par Sophie au son clair et puissant avec de belles réponses du bassiste.
Vous l’aurez deviné, le tempérament de chaque soufflante permet une diversité au niveau de l’interprétation des impros. Le morceau suivant Terre, vent & feu évoque Earth Wind and Fire sur un son très rond de toute la section des vents, place à Lisa sur un solo au son chaleureux puis à Fabrice, très à l’aise sur son baryton, sur un accompagnement très sobre de la basse.
Très belles harmonies dans Kids of joy, Géraldine se fait plaisir dans un bavardage hyper rapide comme toujours sur ses clés et une énergie fabuleuse. L’intensité sonore augmente dans la joie et le plaisir palpable de la formation et nous réjouit également. Suit Massilia, composition lumineuse et ensoleillée, inspirée par une escale de Lisa sur le toit au Mucem à Marseille dominant la Méditerranée et la ville. Le baryton est à l’honneur et son solo est apprécié par ses acolytes féminines.
Générique de film de boxe ou démonstration de danse classique (Lisa laisse le choix au public sur son ressenti) avec Œil du tigre et un chorus de Lisa au son très rond.
Restons dans la lumière forte et chaleureuse sur Solar Radius où Lisa a imaginé l’image du soleil avec la batterie et la basse au centre, les rayons représentés par les saxophones. L’introduction se fait en douceur par Timothée avant d’accélérer, les notes volant comme des électrons libres. Cette fois après une intervention de Fabrice, c’est au tour de Guillaume Lantonnet de s’exprimer sur sa batterie, suivie de Camille qui enrichit petit à petit son solo magnifique.
Rappel du public debout, hypnotisé par cette démonstration musicale de tous. Début très solennel de Birds lament, musique de Moondog qui est une des inspirations de Lisa, en hommage à Charlie Parker. Très belle version, ponctuée d’une improvisation de Géraldine posée juste sur la batterie débutant délicatement avant de finir en délire.
Merveilleux concert, chacun est à sa place et a largement le temps de s’exprimer avec sa sensibilité propre ce qui fait le charme de cette formation. A quand une version sans pupitres afin de donner un peu plus de liberté à chaque soufflant ?
