On peut dire que ce qu’on veut d’Ibrahim Maalouf : qu’il est trop people, qu’il est trop bavard, qu’il est trop mégalo, qu’il joue parfois trop sur le pathos et l’émotion feinte pour se faire aimer d’un toujours plus large public (la liste n’est pas exhaustive !), mais ce soir il aura mis les grincheux et les suspicieux de son côté avec ses Trumpets of Michel-Ange (T.O.M.A.), son nouveau projet dont le disque sort en septembre prochain avec une brochette d’invités. Invités dont nous aurons un aperçu au cours de la soirée festive qui s’annonce car le trompettiste appelle plus que jamais en ces temps difficile « à faire la fête » avec son public fidèle. Et la soirée va révéler bien des surprises aux spectateurs chanceux du théâtre antique, plein comme un œuf… Encore une excellente façon de démarrer en confiance cette édition.
Un concert ne peut être que formidable quand les musiciens sont si généreux et impliqués pour délivrer un show de cette durée et de cette intensité.
Un concert ne peut être que formidable s’il mêle des stars internationales de la musique et des étudiants (ici les élèves du CNR de Lyon, classe de trompette, qui, cerise sur le gâteau jouent toutes et tous sur une trompette a quatre pistons comme celle qu’a inventée Nassim, le père d’Ibrahim).
Un concert ne peut être que formidable si le leader sait s’entourer de jeunes prodiges et de musiciens plus aguerris comme c’est le cas avec le quartet de trompettistes qui l’accompagne augmenté d’un saxophoniste prometteur, évoluant dans ce projet avec des compagnons de route expérimentés, comme peut l’être par exemple le guitariste François Delporte, alter mais avec moins d’égo que ne peut l’être son patron et ami !
Un concert ne peut être que formidable si le public participe, chante, danse, rit, est ému, et là on était au-delà de ce postulat idéal. Il est vrai que le compositeur a ses fans, et qu’il est au minimum une pop star pour eux.
Un concert ne peut être qu’un feu d’artifice quand sur la même scène durant la même soirée, on peut entendre la nouvelle sensation de New-York, aka la charismatique contrebassiste Endea Owens, qui participe au nouvel album de Maalouf (et que nous ne manquerons pas ensuite de retrouver au club de minuit avec son propre groupe pour présenter son premier disque, le bien nommé Feel Good music !), Robinson Khoury, le jeune tromboniste viennois de vingt-sept ans dont tout le monde parle avec son dernier opus, Mÿa qui est juste splendide et qui n’est pas sans faire entendre de belles et troublantes couleurs maaloufiennes… Et last but not least, le grand Troy Trombone Shorty, en tenue décontractée qui vient faire le bœuf avec son pote Ibrahim au trombone mais aussi à la trompette avec une battle en duo Maalouf / Shorty, qui restera dans les annales des rencontres du Théâtre antique ! Même le scorpion tombé du toit sur la scène plus tôt et qui donnait des signes d’énervements, en a été transfiguré par tant de virtuosité et de complicité entre les deux maîtres des cuivres ! Il faut rappeler le bon coup de Jazz à Vienne, car le tromboniste neo-orléanais qui doit officier le lendemain, vendredi 28 juin, en leader cette fois, et également au Théâtre Antique, joue également sur le nouveau disque d’Ibrahim parmi les autres prestigieux invités.