Dernière soirée aux Nuits de l’Orangerie à Montéléger avec les Moustik Haterz et Jaleo
Dans la campagne drômoise, dominant la commune de Montéléger, se dresse un magnifique château. Ce château, qui abrite une résidence pour seniors, s’ouvre très régulièrement à la culture et propose des concerts et des expositions. Un festival de trois jours vient même clôturer la saison !
Et ça fait quinze ans que ça dure ! Mais comment est-ce possible ? Une équipe de bénévoles solide et motivée autour du président de l’association, Bernard Stagnoli. Un tissu industriel, commercial, institutionnel qui soutient cette belle initiative et, cerise, non, orange sur le gâteau, un lieu magnifique. Même le soleil, pourtant bien timide ces derniers jours, s’est invité à la soirée.
Tout est donc réuni ce soir pour accueillir la dernière soirée de ce festival avec en point d’orgue Jaleo, le groupe de l’immense guitariste Louis Winsberg.
Mais commençons par le commencement. Bernard Stagnoli et Marylène Peyrard introduisent cette soirée. Ils rappellent l’historique de ce projet, remercient les soutiens et rappellent la devise de l’association, fort à propos dans ce lieu souvent considéré, à tort, comme une prison de fin de vie : Il ne suffit pas de donner des années à la vie, encore faut-il donner de la vie aux années !
Moustik Haterz
Place à la musique. En première partie, les Moustik Haterz ouvrent le bal. Ce groupe de jeunes musiciens nous vient de Grenoble. Ils ont mis dans un shaker toutes les influences musicales qu’ont pu leur apporter leurs parents, leurs professeurs de musique, leurs amis, l’air des temps passé et présent, ils ont bien remué le tout et il en sort ce qu’ils appellent un jazz hybride aux rythmes et sonorités actuelles et à la structure musicale assez classique. Le cocktail constitué est frais, tonique !
Une section rythmique puissante assurée par Lalie Michalon (batterie) et Tevy Pijeon (basse) ; un duo de sax avec Beryl Benveniste (sax soprano) et Esteban Virot-Galera (sax alto) qui nous emmène, à l’unisson, dans leur univers musical et les claviers mélodieux de Tristan Maurin. On y entend des influences balkaniques, orientales, mais aussi de jazz fusion.
Une belle découverte qu’on devrait rapidement voir plus souvent dans les programmations régionales.
PS : même les moustiques, pourtant détestés, se pressent autour des projecteurs pour les entendre, c’est un signe non ?
Jaleo aux Nuits de l’orangerie
Il y a une vingtaine d’années, par une belle soirée au festival Jazz à Crest, j’avais découvert la magie d’un groupe, Jaleo, qui mêlait jazz et flamenco. La magie de cette soirée est restée ancrée dans mes souvenirs. On avait l’impression de participer à une soirée entre copains : des guitares, un cajon, un feu et une danseuse qui virevolte sous les olé des chanteurs !
Je découvrais aussi Louis Winsberg et son incroyable maitrise de la guitare.
Vingt ans plus tard, Jaleo se produit encore sur scène sous diverses formes. Quelle belle idée de l’amener dans cet écrin pour clore cette édition 2024 des Nuits de l’Orangerie.
Louis Winsberg est accompagné par José Montealegre au chant, Cedric Baud au saz, à la mandoline et à la guitare, Edouard Coquard aux percussions et Sabrina Romero au chant, au cajon et à la danse.
Parler de la musique de Jaleo serait réducteur. Le spectacle est musical, chanté et dansé. C’est un tout ! on est happé par l’ambiance et on vibre aux notes égrenées par Louis Winsberg et Cédric Baud et leurs instruments hybrides confectionnées par le luthier Hervé Prudent. Les percussions comme autant de battements du pouls donnent la vie et les chants de José Montéalegre et de Sabrina Romero qui nous racontent avec force l’histoire de cette musique.
Le spectacle prend une autre dimension lorsque Sabrina Romero, vient sur le devant de la scène, reste immobile quelques instants afin de s’imprégner de la musique et commence une danse passionnée.
Elle interprète par la danse les mots chantés par José Montealegre. On peut alors observer les émotions de la danseuse sur son visage et à travers tout son corps, tendu comme les cordes des instruments voisins.
C’est un moment rare où le spectacle nous transporte très loin du Château de l’Orangerie.
Vient ensuite une alternance de ballades douces et de morceaux endiablés. Le concert, hommage au grand Paco de Lucia se termine sous les applaudissements d’un public conquis.