Yamé : « le bantou bionique »
Jeudi soir, dans le Théâtre Antique, au festival de jazz à Vienne, Yamé avait toute sa place, et il l’a prise. Accompagné de musiciens et de choristes de qualité, heureux d’être là, qui font le show. Sur scène, deux « Y » en boules à facettes donnent le ton : la joie de créer de la musique, de la partager et d’enjailler le public. Dans la fosse, un grand nombre de personnes connaissent les paroles et sont venues pour lui. L’ambiance est détendue et poétique, pleine d’émotions. Sa voix de tête envoutante emplit tout l’espace. Lui et son piano, un bassiste, un batteur, trois choristes et un DJ créent un univers insolite : le projet « Elowi », nom de son album.
On y ressent ses nombreuses influences musicales. S’il a commencé par un album de rap en 2021, sa musique va au-delà de ces seules inspirations. Baigné dans la musique africaine et la chanson française pendant son enfance entre France et Cameroun ; un papa musicien et une maman informaticienne ; adepte du rap, il découvre ensuite le jazz et la soul, et s’initie aux jams sessions, où il développe son originalité et décide d’être artiste. Tout cela lui confère une culture et une créativité exceptionnelles.
Son écriture participe aux créations musicales, des métaphores sur la vie, avec bécane, de l’argot français et camerounais, porté par sa voix qui joue et accentue les mots.
C’est un artiste sympathique qui renvoie avec une joie enfantine les avions en papier qui atterrissent sur la scène de l’amphithéâtre. Il est heureux d’être là, fait se lever tout le théâtre antique, et créé un morceau tel un chef d’orchestre, organisant les voix des choristes et du public comme des instruments de musique, comme des boucles de looper agencées ensemble.
Un artiste riche, à suivre…
« Je suis fait de mille et une choses et je fais de la musique pour les rassembler » (Yamé).
[NdlR : Merci à Karine Mathais pour sa première chronique ici]
Voir la chronique de François Robin :