Lizz Wright de retour sur la scène viennoise du Théâtre Antique, ouvrait cette soirée qui affichait complet et avec une fois n’est pas coutume une température estivale. La chanteuse américaine, qui est aussi restauratrice à Chicago, puisqu’elle y a ouvert « le Carver 49 » ; nous a élaboré un menu sur la base de son dernier disque Shadow sorti cette année. Elle se souvenait de sa dernière venue au festival en 2009, notamment de la nourriture et du vin ! Guillaume Anger la présente comme « un concentré de la musique américaine ». C’est vrai qu’elle oscille entre blues, gospel, jazz, soul, parfois pop même. Elle a l’élégance de présenter tout de suite le quartet qui l’accompagne : de solides musiciens dont certains jouent à ses côtés depuis de nombreuses années. Ils sont efficaces et ils assurent le show, mais sans surprise ni originalité, un peu à l’image de leur patronne qui certes a une voix magnifique, mais au service de morceaux un peu trop « main stream », il manque davantage d’épices et de prises de risques à ce set pour le transformer en vraiment savoureux. Dès le second morceau, un blues, le public tape dans ses mains, il est plutôt conquis de son côté.
Le pianiste de Lizz, Bobby Sparks, est une copie de Ray Charles jeune (« Ray sort de ce corps » !), avec les mêmes mimiques et le déhanché, les mêmes lunettes de soleil blanches, la casquette en plus. Il sait se mettre au service de sa patronne et parfois ils jouent même côte à côte, puisque la chanteuse est également pianiste, ce que nous pourrons constater vers la fin de la prestation. Les morceaux alternent folk, gospel ou soul, mais une ballade jouée à la guitare sèche fait un peu commerciale et se termine heureusement par quelques notes du Mercy Mercy me de Marvin Gaye. Bien sûr, il y a de beaux moments comme ce Sweet feeling qui est extrait de son nouvel opus et qui a été écrit par Candi Staton. Et lorsqu’elle se fait plus folk, les ombres tutélaires de Cassandra Wilson ou Tracy Chapman se font jour. Mais quant à la fin du concert, elle se met au piano pour une bluette comme Who knows when the time goes, c’est davantage le fantôme de Whitney Houston que l’on croit entendre ! Heureusement, très vite, elle revient au blues, puis dans un court rappel, interprète a capela le fameux standard de Gospel Amazing grace ; elle redevient alors Lizz l’envoutante. On espère donc la revoir la prochaine fois dans un show qui sera moins formaté et plus original avec plutôt d’improvisation et des morceaux plus « roots » qui rendent davantage justice à la très grande interprète qu’elle est. Un set qui va être d’autant plus vite éclipsé par l’extraordinaire show en solo d’Asaf Avidan qui va suivre…
- Lizz Wright: voix, piano
- Marvin Sewell: guitare
- Bobby Sparks: claviers
- Ben Zwerin: basse
- Ivan Edwards: batterie