Julia Richard Trio
Initialement prévue sur l’esplanade de la médiathèque avec le lauréat du concours de l’année précédente, cette soirée d’ouverture a maintenant lieu à l’espace Soubeyran sur la grande scène avec trois groupes. Le format est d’un set d’environ une heure pour chacun. Ce soir, c’est le Julia Richard Trio qui a remporté le prix du public l’an dernier (et également le prix de la ville de Crest), qui ouvre cette soirée. La leader, Julia Richard, est au voix, à la contrebasse et à la basse électrique. Nathan Mollet l’accompagne au piano et au Fender Rhodes et Philippe Dallemagne à la batterie.
L’utilisation du Fender Rhodes et de la basse électrique donne à la formation une coloration soul funk. Tandis que la contrebasse et le piano à queue de concert restent sur les sonorités du jazz plus classique. Le batteur accompagne ces différentes influences musicales avec des rythmes sur les toms et la caisse claire à la fois intenses et délicats. Le trio dégage souvent une énergie pop ou rock. Les sonorités du Fender Rhodes apportent un accompagnement dans un style planant. Ce clavier est particulièrement approprié pour les ballades. La contrebasse jouée pizzicato amèneun style pop jazzy. La basse électrique permet à la chanteuse d’accompagner sa voix avec précision. Que ce soit pour les ballades ou les morceaux plus soutenus, l’intensité est présente chez les trois musiciens.
Les chansons sont chantées en anglais. Nous entendrons, entre autres, Friends, Emotional today ou Choose. Seul le rappel Yo me voy est interprété en espagnol. Pour ce final, la mélodie interprétée par la contrebasse suit le chant gai et festif. Le piano et la batterie suivent avec la rythmique cette voix enjouée. L’alternance des solos conquiert définitivement le public. La contrebassiste nous annonce qu’un prochain album est prévu pour avril ou mai 2025.
Verb
Je m’y colle, vraiment ?! Car je viens de chroniquer Verb à la All night jazz de Vienne il y a une quinzaine de jours (voir ici). Ce n’est pas par dépit, ni par défaut, bien au contraire. Mais c’est bien aussi d’avoir plusieurs points de vue pour un même groupe. Ceci dit, votre serviteur a déjà chroniqué certaines formations de nombreuses fois. Donc il n’y pas de problème déontologique ? Mais vais-je pouvoir encore dire quelque chose d’intéressant ?
Après la scène du Théâtre Antique de Vienne, on retrouve sur la scène de Soubeyran, Noam Duboille au piano ; Charles Thuillier à la contrebasse et Garcia Etoa Ottou à la batterie. La durée du concert étant plus longue, nous allons apprécier l’harmonie et la cohésion des trois musiciens qui vont jusqu’à l’osmose et l’équilibre. Cela se traduit par des envolées lyriques et par des montées en intensité collectives. Mais aussi des attaques à tour de rôle sur les morceaux avec le suivi des deux autres musiciens. Rappelons que leur premier album sorti en mai s’appelle « Symbiose », ce n’est pas neutre.
Le batteur apporte de la douceur aux balais ou de la puissance aux baguettes. Il est particulièrement présent ce soir par son intensité. On lit son plaisir de jouer sur son visage. Avec sa formation classique, le contrebassiste alterne le jeu à l’archet plutôt académique et les solos en pizzicato plus jazz. Les doigts du pianiste courent sur les touches avec dextérité et précision. Les dialogues sont permanents entre les membres du trio, les phrases mélodiques se superposent et nous avons l’impression qu’ils jouent ce soir à Crest comme si cela était la dernière fois !
Dans ce format d’une heure, on retrouve les morceaux déjà entendus à Vienne : Yne, LFS, Colonel, Premiers souvenirs. Mais aussi Eding qui signifie « Amour » dans la langue d’origine du batteur, ainsi qu’Envolée et Rêve en grand.
Pour le rappel, le choix du trio est excellent pour emballer le public de Crest déjà conquis, avec un thème d’inspiration caribéenne et qui lorgne vers la biguine pour terminer sur une ambiance festive. Le public amateur de Crest ne s’y trompe pas et fait une standing ovation à nos jeunes prodiges du jazz.
Inui
Tandis que les voix de Valeria Vitrano et Clémence Lagier au chant, vocalisent, Maya Cros aux claviers ajoute des effets planants et Dimitri Kogan à la batterie apporte une frappe forte et assurée. Inui qui a été lauréat du concours de Crest en 2022 revient à Soubeyran. Les deux chanteuses utilisent particulièrement l’art des vocalises et des onomatopées sur scène. Elles donnent du relief au chant en alternant les effets décalés du canon ou le retour à l’unisson des deux voix. Elles transforment leurs échanges sous forme de dialogues ou de joutes orales. Dans l’esprit du gospel, du blues et des work-songs elles s’accompagnent en frappant leur poitrine et différentes parties du corps. Un dialogue a capella met en valeur leur voix avec un canon entre le refrain et les couplets.
La batterie et les claviers électriques apportent un son rock qui contraste avec l’ensemble. Le batteur accompagne avec les toms, la charleston et des ajouts légers sur les cymbales. Les claviers ajoutent une ambiance pop avec des effets planants.
Ce concert nous aura permis d’écouter entre autres : Murmuration ; Fragile et Fabulous, deux ans après leur retour à Crest. Un EP du groupe est disponible et un album est en préparation.
Ce soir, les trois groupes ont véhiculé la même envie, la même fraîcheur et la même énergie. Il convient de préciser que la sonorisation était très bonne à Crest ce soir grâce à l’équipe de Pierre-Yves Cuny.