Thomas Naïm et Nina Attal ont rendu hommage à Jimi Hendrix le 10 octobre à l’Opéra de Saint-Etienne. Le Rhino n’a décidément peur de rien. Le 10 octobre, il s’est échappé des sentiers battus (en l’occurence de son bout d’iceberg flottant, selon le visuel de cette quarante-sixième édition), pour aller titiller du génie, à savoir Jimi Hendrix. Je le dis sans ambages, ce virtuose légendaire de la guitare électrique ne figure pas dans ma play list préférée. Néanmoins, au vu et au ressenti du public venu assister au concert à l’Opéra, on ne peut que s’incliner, voire se lever et frapper dans ses mains. Il y avait du monde, peut-être pas autant que les organisateurs l’auraient désiré (seul le parterre était plein), mais ce monde-là est reparti chaviré, revigoré, quarante ans de moins pour certains. La soirée s’est déroulée en deux sets très différents, le premier avec la prestation solo du guitariste et compositeur Thomas Naïm, le second avec celle de Nina Attal accompagnée de son Electric Ladyland. Si on passe outre ce qui serait genré, le truc masculin puis féminin, il reste dans les deux cas une seule et même impression. Ces musiciens, déjà venus au Rhino, ont réussi le même défi, ne pas faire du « Tribute to… », mais rendre hommage à l’illustre gaucher à partir de leurs propres arrangements. Et c’était bien !
Première partie avec Thomas Naïm, donc. Il est seul à la guitare, mais connaît Hendrix sur le bout de ses arpèges, puisqu’en 2020, il a enregistré l’album « Sounds of Jimi » avec son trio (Rootless Blues/L’Autre Distribution). Il « ballade » souvent le public en douceur, chacune de ses notes est posée et sensible, il y a de la mélopée là-dedans, de la poésie bluesy. C’est en version instrumentale et avec une grande élégance harmonique qu’il interprète notamment Purple Haze ou Cherokee Mist, dans la version live jouée à Woodstock. Pour finir, c’est sur un tempo rapide et sans bavure, un brin rock, un brin country, qu’il offre un Lover man teinté d’une virtuosité remarquable.
Changement tonal avec Nina Attal, la chanteuse et guitariste considérée comme « le fer de lance du blues féminin », que le Rhino avait accueillie en 2010 (c’était alors la benjamine du festival, une toute jeune découverte présentée à Saint-Joseph). Elle ne vient pas seule mais entourée de son Electric Ladyland, à savoir des filles aussi magnétiques qu’elle et que viendront rejoindre Léna Woods à la harpe et la sublime chanteuse Gaëlle Buswel. Dès leur entrée sur scène, on les sent prêtes à revitaliser les plus mous, ça va déménager. Pas question de gros bras, non. Ce qui va se passer, c’est juste un feu d’artifice coloré de riffs inspirés, d’arrangements du meilleur goût, pour un hommage aussi hot que créatif à Jimi. Nina Attal s’en explique d’ailleurs : « J’ai découvert Jimi Hendrix à douze ans quand je venais de commencer la guitare et j’en suis fan depuis toujours mais je n’ai pas tout de suite su si je détestais ou j’adorais. Puis j’ai appris à redécouvrir son génie… Et comme il est impossible de faire du Jimi Hendrix, j’ai envie d’offrir un truc un peu singulier ». Ce truc, un projet né en 2023, a repris une bonne partie des incontournables du guitariste. On citera Who knows, enregistré peu de temps avant la mort d’Hendrix, un Fire déjanté et luxuriant ou, en rappel avec Thomas Naïm, un Hey Joe énergique et palpitant. Depuis quelque temps déjà, le public est debout, les filles nourries au feu d’un enfer enfantant la vie. Dur de repartir dans la quiétude du soir…
Thomas Naïm : guitares
Nina Attal: lead guitare, voix ; Swanny Elzingre: batterie ; Antonella Mazza: basse ; Léa Worms: claviers Gaëlle Buswell: voix ; Léna Woods: voix, harpe