
Pour ce set, c’est Martine qui fait les présentations.
Fwad Darwich est un bassiste d’origine marocaine « immigré » (comme il le dit) en France à vingt-sept ans. Depuis, il creuse son sillon comme musicien et compositeur.
Flying stamps : ce premier morceau fait une large place au saxophoniste Srebrin Avuski et à son soprano. Histoire de faire les présentations. La basse du boss, Fwad Darwich est bien sûr omniprésente. Puis c’est au tour de Daniel Moreau de nous montrer son savoir faire aux claviers. Le batteur, Dawoud Bounabi, s’y met à son tour. Les présentations sont désormais complètes.
Pour le second morceau, Berbere dance, hommage à « nos ancêtres les berbères » le rythme s’accélère, soutenu par une batterie vive et précise et une basse régulière qui laissent tout le loisir au Fender Rhodes et au soprano de dialoguer, avant que le batteur ne prenne un solo.
Là, Fwad prend enfin la parole et s’engage dans une explication historique qui remonte à Homo Sapiens -350 000 ans découvert au Maroc. Il évoque les flux migratoires qui ont façonné la culture marocaine, et donc ses musiques : l’arrivée des Berbères -11000 ans ; 711 l’invasion arabo-musulmane ; 789 fondation par les Idrissides de Fez. XIᵉ siècle, fondation par les Almoravides de Meknès ; XVᵉ siècle, fin de la Reconquista et retour d’Andalousie de nombreuses familles arabo-andalouses et juives. On le comprend l’histoire marocaine n’est pas monolithique. Il en va ainsi de ses musiques.
White dress est présenté comme un hommage à la Femme.
Le morceau suivant débute sur une clave marocaine qui s’enrichit d’accords de piano. Le thème tourne, Daniel Moreau improvise. Et puis subrepticement, en catimini le sax alto vient se glisser pour lancer les accords de Footprints (de Wayne Shorter) mâtiné d’harissa ! Cela fonctionne à merveille !
Atlas child , composé en hommage à tous les enfants qui souffrent de conflits, nous ramène à un peu de calme. Une comptine élégante où dialoguent piano et sax alto. Puis le piano s’envole seul, légèrement soutenu par la basse et la batterie.
Autochtones débute comme un jeu du chat et de la souris entre piano et batterie. Dawoud s’amuse.
African rainbow est un morceau typiquement d’inspiration africaine, l’entame vigoureuse aux tambours le confirme.
Et pour finir Dialect qui est le concept qui qualifie le groupe. Cela se traduit par de longues mélopées au sax alto soutenu par une batterie et une basse bien lourdes.
Encore une jolie découverte que cette formation internationale conduite par Fwad Darwich.
- Fwad Darwich : basse électrique, composition et arrangement
- Srebrin Avuski : saxophone soprano, alto
- Daniel Moreau: piano, électronique
- Dawoud Bounabi : batterie
Ainsi s’achève notre courte résidence à Tronget. Pour conclure cette chronique, nous tenons à remercier toute l’équipe de Jazz dans le Bocage qui nous a reçu comme faisant partie des siens, de pouvoir partager la vie des bénévoles comme si cela était du plus naturel. Nos remerciements particuliers vont au programmateur Jean-Luc Maronne ; à la coordinatrice Sabine Dauchat, cheville ouvrière du festival qui ne mâche pas sa peine pour que tout se passe bien et les différentes équipes (accueil ; buvette ; catering …) . Equipes soudées et souriantes qui se mettent en quatre pour accueillir musiciens et publics.
Nonobstant la qualité de sa programmation, ce festival est très attachant.