
Cette soirée placée sous le signe de la soul britannique accueille la jeune chanteuse anglaise Lusaint et la déjà star internationale Michael Kiwanuka qui revient pour la deuxième fois au Théâtre Antique avec sa pléthorique formation et son propre dispositif scénique.
Originaire de Manchester, très tôt nourrie et imprégnée de Billie, Ella et Nina, la jeune Lusaint a cultivé l’art de la reprise de covers qu’elle mettait en ligne en obtenant des taux records d’audience qui l’ont conduit à la publication de quelques EP et à la sortie de ses premières compositions. Souvent comparé à Amy Winehouse ou à Adèle par la presse britannique et avant même la sortie de son premier album prévue seulement pour 2026, elle réalise le rêve de se trouver en live sur les scènes de grands festivals européens (Vienne et Montreux…) accompagné d’un solide quartet guitare, claviers, basse batterie.
Favorablement impressionnée par l’accueil que lui réserve le théâtre antique, elle subjugue littéralement le public avec son titre Fool for you ; elle n’a aucune difficulté à obtenir la participation du public dès son troisième titre Crazy in love bien soutenue par les chorus successifs du guitariste et du clavier.
Le pouvoir de séduction ne retombe pas avec Dream Life un titre fort de son EP « Self Sabotage ». Elle ose une reprise de Nina Simone avec Feeling good montrant qu’elle est déjà bien ancrée dans la lignée jazz-soul.
Après Sweet tooth , encore un titre de son EP « Self Sabotage », il y aura Wicked Games de Chris Isaak qui reste sa cover préférée pour les concerts. Lusaint est visiblement touchée par l’accueil que lui a réservé le Théâtre Antique et a du mal à cacher son émotion et une petite larme.
Un set d’une petite heure, bien préparé et sans temps mort qui met parfaitement en évidence le talent de la chanteuse qui apparait comme une découverte à suivre, sur qui il faudra compter dans le créneau jazz-soul.
Avec le chanteur ougando-britannique, Michael Kiwanuka , c’est toute une armada qui s’installe sur scène avec côté jardin un violoniste et un violoncelliste avec trois choristes et leur kit de percussions, côté cour place à la guitare rythmique et à la batterie et, alignée sur une estrade à l’arrière, la guitare basse et deux claviers, juste devant une imposante rampe de projecteurs de fond de scène. Debout ou juché sur un tabouret, le guitariste Michael Kiwanuka vêtu d’une ample tunique blanche occupe la position centrale en devant de scène. C’est d’ailleurs le blanc qui est le « dress code » qui s’impose à l’ensemble des musiciens.
Avec quatre albums à son actif depuis 2012, le dernier « Small changes » datant de fin 2024, le guitariste n’a pas de difficultés pour établir une set-list mettant en avant tous les aspects de sa folk – soul dépouillée et intemporelle qui regarde quelque part du coté de Van Morisson et de Terry Callier pour le timbre de voix et le vibrato.
Il commence son set d’une centaine de minutes par Place I Belong qu’il enchaine avec One More Night deux titres extraits de son album « Love & Hate » (2016). Sa voix caractéristique et son tempo lent et ample sont bien en place et signent un style dont il a seul le secret. Sur You ain’t the problem, (de son album « Kiwanuka » en 2019) les trois choristes font de remarquables interventions très aériennes, se mélangeant coquettement avec la guitare acoustique et des percussions bien dosées. Ce même usage des voix féminines et masculines des choristes se retrouve sur the Father’s child ; elles sont à leur apogée sur Rule the world en jouant les premiers rôles et en devenant le principal instrument d’accompagnement à côté des parties de guitare et du chant lead de Michael Kiwanuka
Autre temps fort avec les deux mouvements de Hero suivi de Black man in a white world qui sont deux compositions incontournables et attendues des concerts. Pas d’emportement dans les concerts de Michael Kiwanuka qui reste toujours zen et posé ce qui se traduit par une attitude respectueuse et écoutante du public y compris dans les parties les plus acoustiques du set comme sur Home Again ou le public écoute religieusement en savourant les parties de guitare folk.
Sur Solid Ground, il abandonne brièvement la guitare pour le clavier avec en arrière-plan un discret accompagnement de violon et violoncelle. Clin d’œil à son dernier album avec le titre éponyme Small Changes une magnifique balade ovationnée par le public.
Quand retentissent les premières notes de l’hymne Love & Hate qui signe habituellement la fin des concerts de Michael Kiwanuka, on sait qu’on rentre dans le final du concert. Ce ne sera pas le cas ce soir, car après l’ovation du public, il y aura un généreux « encore » avec One and only enchainé avec Stay by my side, deux titres présents sur le dernier album.
Au final, un concert généreux, musicalement parfait avec un son de qualité dans une ambiance respectueuse, seule « ombre » au tableau, des éclairages inutilement agressifs pour le public ou laissant trop souvent la scène dans une pénombre exagérée.