04/07/2025 – Meshell Ndegeocello au Théâtre Antique

04/07/2025 – Meshell Ndegeocello au Théâtre Antique

Le concert de Meshell Ndegeocello est la révélation de cette soirée intitulée jazz alternatif par le festival. Il s’agit ce soir d’un jazz contemporain qui sait se métisser avec toutes les musiques tout en gardant la tradition bien vivante. La chanteuse et bassiste qui est reconnue pour avoir lancé le style néo-soul avec des influences de jazz, de funk et de hip-hop a su se renouveler. Depuis son album de reprise Ventriloquism en 2018, puis The Omnichord Real Book en 2023 et maintenant avec No More Water : The Gospel of James Baldwin 2024, sa musique a évolué vers plus de soul et de folk. Ce dernier opus est l’hommage au poète, critique social, scénariste, professeur d’université, nouvelliste, essayiste, dramaturge, militant des droits civiques, romancier, dont le centenaire de la naissance a été célébré l’an dernier.

Tout d’abord, elle laisse un espace de trois morceaux à son batteur Abraham Rounds et son pianiste Jake Sherman qui viennent de produire un album ensemble après un travail de sept années. Leurs chansons d’influence pop, folk et gospel sont interprétées au Rhode et aux claviers pour le pianiste et aux percussions, à la batterie et à la basse électrique pour le batteur. Les deux musiciens chantent en voix décalé ou à l’unisson et apportent des messages, avec un titre en hommage à la terre et un refrain Good man is had to find transformé en Good President is had to find !

Le set du groupe au complet est lancé avec le titre Georgia Ave de l’album « The Omnichord Real Book ». Le ton de mélange Soul, blues et folk est donné. Il est folk avec le jeu de la guitare acoustique de Chris Bruce qui va donner beaucoup de fluidité et de légèreté à la musique. Blues et soul avec la tessiture de la voix de Justin Hicks à qui la bassiste va laisser la majorité des interprétations vocales. Elle va se mettre en retrait pour être le plus souvent accompagnatrice vocale ou choriste de son chanteur. Ce qui tranche avec ses premiers albums où elle chante toutes les chansons.

Meshell Ndegeocello, annonce ensuite qu’ils vont célébrer James Baldwin. L’hommage commence par une bande audio en français, comme sur l’album, qui nous livre un message sur la possession, la propriété et la responsabilité. Cette réflexion sur la solution de l’abandon et du lâcher prise est accompagnée par l’orgue et par la batterie aux balais. Nous sommes bien dans un gospel de James Baldwin. Il y a ensuite deux autres intermèdes entre les chansons suivantes avec des discours, cette fois en anglais.

Tout en restant assis pour chanter, Justin Hicks, est très présent. Il accapare l’attention avec sa voix qui a des intonations blues, soul ou gospel selon les morceaux. Il murmure un titre avec la bassiste en alternant les voix comme pour une prière. Sa voix est particulièrement émouvante et les paroles sont toujours prononcées avec conviction. Abraham Rounds agrémente son jeu de batterie délicat aux balais et aux mailloches avec des percussions. Il chante également très bien avec une voix douce qui se marie parfaitement à celle du chanteur. Lorsqu’il se joint comme choriste au chanteur et à la bassiste, le trio de voix est envoutant. En plus de son jeu fluide à la guitare acoustique, Chris Bruce, va emmener les autres musiciens vers des sonorité rock lorsqu’il prend sa guitare électrique. Le batteur et la bassiste électrique le suivent dans ces tonalités. C’est Jake Sherman, lorsqu’il joue du Rhode qui donne le ton et la solennité gospel. Cela apporte un fil conducteur à cet hommage.

Au-delà de l’hommage à James Baldwin, ce concert représente un message spirituel. Cette génération de musiciens est porteuse de l’héritage de la défense des droits civiques et de la culture afro-américaine. Nous le verrons aussi avec Kamasi Whasington lors du set suivant. C’est aussi la culture du collectif Black Lives qui défend les mêmes droits. C’est avec douceur et engagement qu’ils nous délivrent ce message de paix dans une ambiance de flottement comme en apesanteur. Nous sommes bien charmés et conquis à l’issue de cette représentation.

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