08/07/2025 – Célia Kameni « Méduse » au Théâtre Antique

08/07/2025 –  Célia Kameni « Méduse » au Théâtre Antique

Soirée jazz vocal féminin

 Ce soir, le Théâtre Antique accueille trois artistes féminines actuelles du jazz vocal.

Bien que le parcours d’arrivée pour Célia Kameni ait été perturbé par un problème ferroviaire, elle nous offre une balance en public nous permettant une première approche du set à venir.

Elle arrive ensuite dans une tenue noire volantée, les cheveux longs détachés, le seul ornement sera des ongles métalliques sur deux doigts à chaque main (ils magnifieront les mouvements amples de ses bras).

Sur la scène, à jardin, la violoncelliste Juliette Serad, à côté du claviériste Léo Jassef, du guitariste Giani Caserotto et du batteur Arthur Alard encadrent Célia.

Lyon peut s’enorgueillir d’avoir pu « faire naître » une artiste qui, à trent quatre ans, est désormais invitée sur de nombreuses scènes, qui a déjà collaboré avec de nombreux musiciens (l’Amazing Keystone Big Band, Raphaël Imbert, Alfio Origlio, Bigre!, Vincent Périer, Marc Priore, Bruno Ruder…), qui est  « artiste génération Spedidam » pour trois ans.

Tout ce chemin parsemé de standards de jazz, Célia s’en affranchit dans ce nouveau projet « Méduse » qui n’est pas le nom d’un groupe, mais d’un projet personnel, une incursion dans l’univers pop et soul. Elle a d’ailleurs été aidée dans cette création par Yaël Naïm, Sarah Mikovski, Charles Amblard… qui ont produit un opus musical chanté en français et en anglais.

La méduse, animal qui fascine par sa beauté et sa lenteur, peut inspirer la crainte, l’isolement, le rejet, ce qui est une certaine métaphore du parcours des femmes dans la vie et le jazz, la gestion de leur fragilité et la puissance de leur talent. Méduse est donc ce projet où Célia convoque autant Nina Simone que Björk ou Arooj Aftab (qu’on a pu apprécier il y a quelques jours sur cette même scène, voir ici https://www.jazz-rhone-alpes.com/250702-soiree-orientale-arooj-aftab-rabih-abou-khalil-dhafer-youssef-theatre-antique/) et nous fait apprécier des émotions nouvelles, des vibrations… dans un chant tantôt délicat, tantôt puissant et une chorégraphie adaptée. Le public tape dans les mains, la réverbération et les effets gérés par Célia magnifient les incantations, les prières et l’investissement physique total de l’artiste, instaurant une ambiance unique et veloutée.

Les chansons se succèdent en anglais et en français, nous apprécierons particulièrement De doute et de joie composée avec la complicité de Sarah Mikovski qui nous offre en français une « invitation à se lâcher, à se laisser aller ». La reprise de Cranes in the sky de Solange (par ailleurs petite sœur de Beyoncé), en anglais bien sûr, nous emporte dans une autre couleur. Tu ne tombes pas composée par Yaël Naïm et Laura Cahen nous emmènera, en français, dans un tourbillon d’émotions diverses et profondes grâce à un duo piano-voix.

Célia remercie, évoque ses souvenirs dans ces gradins mythiques, la joie de les rejoindre ensuite pour apprécier les autres artistes, nous envoûte avec une prière pour la paix qu’elle siffle ensuite puis finit a cappella…

La sincérité, l’engagement, la simplicité et la proximité avec notre cœur qui bat ce soir pour Méduse sont réunis pour nous faire appréhender la beauté céleste de ces compositions raffinées, où la délicatesse du chant se transforme en rage, en incantation, nous évoque de nouvelles émotions vibratoires.

Merci Célia !

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