28/07/2025 – Céline Bonacina « Jump » au Crest Jazz

28/07/2025 – Céline Bonacina « Jump » au Crest Jazz

Céline Bonacina présente son projet « Jump ! », un saut dans le temps en référence au jazz fusion des années 80 et 90 et son lot de légendes, fondamentales amours de jeunesse et fabuleux complices de son éveil musical.

Plus qu’un saut, « Jump ! » est un grand écart avec le présent, fusion de deux époques enrichie par le parcours singulier de la saxophoniste et des musiciens qui l’accompagnent pour cette tournée : Chris Jennings, compagnon de route depuis plusieurs années déjà, à la contrebasse ; Stéphane Galland à la batterie et Julian Caetano aux claviers.

Le set commence avec Tunnel, intro musclée qui place d’entrée le curseur d’énergie au maximum. Et, pour ma part, où je découvre que Céline Bonacina chante. Les riffs du sax bar déboulent en rafales, le synthé apporte une touche psychédélique, la contrebasse gronde sous le tonnerre qui émane de la batterie, avec çà et là quelques plages de répit survolées par la voix de Céline, suspendue et presque irréelle. L’ensemble sonne à la fois très rock ou jazz-rock comme on disait à l’époque et très urbain comme on dit maintenant.

Lost in translation nous livre quelques chorus très inventifs, que ce soit Chris Jennings à la contrebasse soutenue par des nappes d’accords au piano, Julian Caetano au synthé porté par une ligne de basse mélodique et rythmique du plus bel effet ou Céline Bonacina au baryton dont elle explore toute la tessiture avec vélocité et délicatesse. Quant à Stéphane Galland, il est omniprésent de la première à dernière note de chaque morceau, impétueux ou discret, toujours élégant.

Après A light somewhere, Hope est une magnifique ballade qui permet, entre autres, de déguster un chorus de contrebasse tout en finesse. Et où on s’aperçoit que Julian Caetano double à la voix le thème exposé à l’unisson au sax et au piano, petite subtilité qui titille les oreilles.

Deevella Street, composition de Chris Jennings, bénéficie d’une large introduction à la contrebasse, rythmique et polyphonique à déguster soi-même. Cette rue a des choses à raconter, avec moult changements de cadence et de tonalité, rythmes lancinants, ambiances urbaines ou orientales ; le sax crie, la tension monte et le morceau se termine aux frontières du rock le plus féroce.

Le calme revient avec une narration au saxophone solo, monologue intimiste et imagé, condensé d’un parcours instrumental bigarré.

My Island far away évoque l’île de la Réunion où Céline Bonacina a vécu plusieurs années et qui a laissé une empreinte indélébile dans sa vie. Stéphane Galland navigue en vieux loup de mer au milieu des rythmes africains en tous genres, au gré des marquages précis et puissants de ses acolytes.

En rappel, Go démarre au piano à la manière d’un piano bar pour prendre rapidement des allures plus urbaines.

Comme tout au long du concert, Chris Jennings excelle à surfer sur la vague musicale qui s’offre à lui, complément mélodique des thèmes et des chorus, repère inébranlable dans la tempête des grilles les plus élaborées. Son jeu illumine les musiques brillantes de ce set revigorant, un véritable écrin pour les compositions audacieuses de Céline Bonacina.

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