29/07/2025 – Angelo Debarre Trio invite Anne Sila et Marius Apostol au Crest Jazz

29/07/2025 – Angelo Debarre Trio invite Anne Sila et Marius Apostol au Crest Jazz

On ne présente plus Angelo Debarre, grand maître de la guitare manouche et pilier de cette formation. Il est entouré de Mathieu Chatelain à la pompe, William Brunard à la contrebasse et Marius Apostol au violon.

A quelques exceptions près, tout le set sera consacré à un répertoire de grands standards du jazz américain du milieu du vingtième siècle, qu’affectionnait Django Reinhardt dont Angelo Debarre est un des héritiers les plus brillants.

La première partie est instrumentale, virtuose, tour à tour galopante et romantique ; les chorus prolixes s’enchaînent, bourrés de citations parmi lesquelles les oreilles attentives ont pu capter quelques bribes de grands standards brésiliens. La rythmique soudée soutient sans faillir le tempo bouillant impulsé par les solistes.

Une magnifique ballade est l’occasion d’improvisations sensuelles et inventives : après avoir égrené une grille d’arpèges enrichis à l’envi, Angelo Debarre nous fait une grille avec doubleur d’octave entièrement fait main, Marius Apostol fait pleurer son violon, William Brunard fait chanter sa contrebasse.

Après une version particulièrement enlevée de Sophisticated Lady, cette première partie du set se termine par un duo entre Angelo Debarre et Marius Apostol qui nous proposent un voyage tzigane en Europe de l’Est à travers un florilège dansant aux parfums des Balkans et aux accents Klezmer, véritable tourbillon de notes de haute volée que se renvoient les deux musiciens. Dans son jeu, Marius Apostol utilise largement les cordes graves de son violon, ce qui n’est pas si courant chez les violonistes de jazz et donne une saveur particulière à l’instrument.

Anne Sila rejoint la scène pour It don’t mean a thing (if it ain’t got that swing) au tempo ébouriffant, et donne une leçon de scat dont les stagiaires, présents en nombre, se rappelleront certainement. Toutes les facettes de cette pratique y passent, phrases incisives, notes longues, ascensions étourdissantes, développements chromatiques de figures mélodiques et rythmiques avant une reprise du thème qui prend ses aises avec la cadence. Quand il n’improvise pas, Angelo Debarre se met à la pompe, histoire de maintenir la pression.

Suivent Body and Soul, la Route 66 est dévalée bien au-delà de la vitesse réglementaire. Guitare et voix se renvoient la balle.

La Javanaise apporte un peu de répit avec une magnifique transition entre le scat d’Anne Sila et la guitare d’Angelo Debarre. William Brunard explore toutes les extensions des accords, mêle graves profonds et harmonies vibrantes à l’accompagnement, et dépose un chorus sensuel d’une grande poésie. Il nous étonnera dans le morceau suivant, After You’ve Gone, avec un solo complet à l’archet, sur un tempo à fondre la collophane.

En rappel, Anne Sila interprète en trio un Hymne à l’Amour convaincu et convainquant pour conclure avec All Of Me qui met tout l’auditoire debout.

La standing ovation se prolonge, le public est comblé.

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