Les secrets de famille sont des boulets qui s’alourdissent de génération en génération. Sarah Lenka a décidé de rompre la chape du silence et a mené l’enquête, remontant deux siècles en arrière, pour découvrir les destinées singulières des femmes de sa lignée, dont certaines on payé un lourd tribut pour avoir osé conquérir leur liberté.
ISHA (« femmes » en hébreu) raconte ces existences contrariées ou tragiques, l’exil géographique et intérieur, le départ précipité d’Algérie à travers les yeux d’une enfant, la peur de l’abandon ou ce qu’aurait été la vie épargnée par l’exil.
Malgré les rythmes enjoués et les harmonies raffinées des mélodies et des chœurs, les premiers titres du set sont pleins de mélancolie, prenant par moments les accents d’une complainte funèbre. Que ce soit à la guitare ou à la mandole, les chorus de Taofik Farah se fondent dans cet univers, les tonalités mineures orientales apportent leur lot de vague à l’âme. La violence est également présente, et là les accords claquent comme des coups de fouet, tandis que batterie et percussions sont mises à forte contribution.
Ce projet ne se cantonne pas aux complaintes familiales et Sarah Lenka se rappelle aussi que les anciens savaient d’autant mieux commémorer et fêter qu’ils savaient ce qu’ils commémoraient. Et on peut constater que les gammes mineures orientales s’accommodent aussi très bien à traduire l’allégresse, la fête et le partage. Le set se termine en bouquet de feu d’artifice, Yoann Serra s’en donne à cœur joie et emballe le tempo.
Personne n’en voudra à Sarah Lenka d’avoir privilégié la musique à la psychanalyse pour évacuer l’héritage pesant et enfoui de son histoire familiale.
Les musiciens :
- Sarah Lenka : voix, composition
- Taofik Farah : guitare nylon, mandole
- Laurent Guillet : guitare, chœurs, composition
- Kahina Ouali : chœurs, percussions
- Yoann Serra : batterie
