01/08/2025 – Baptiste Herbin Trio « Django! » au Crest Jazz

01/08/2025 – Baptiste Herbin Trio « Django! » au Crest Jazz

Plutôt qu’un hommage au héros du swing manouche, Baptiste Herbin présente son projet comme une vision personnelle de l’œuvre de Django Reinhardt. Le choix du trio saxophone / contrebasse / batterie est singulier et audacieux, la formation ne comportant aucun instrument harmonique, ce qui ajoute un piment supplémentaire l’entreprise. A la contrebasse, Sylvain Romano déploie tout son art pour combler cette absence tandis que Baptiste Herbin enrichit son jeu de compléments harmoniques nombreux, indispensables pour une écoute confortable des grilles d’accords. La barre est très très haut placée.

A la batterie, Philippe Maniez drive avec aisance ce trio original.

Le set commence très fort avec une version vigoureuse de Night and Day ; il se murmure chez les connaisseurs que Baptiste Herbin aurait reproduit dans ce morceau le solo original de Django . Belle entrée en matière.

Troublant Boléro est une confiserie délicate, sucrée et acidulée qui nous apporte le premier solo de contrebasse posé sur nappes de notes au saxophone et batterie discrète.

Indifférence ne nous laisse pas de marbre, le saxophone soprano virevoltant pendant que Sylvain Romano tricote grave ses arpèges qui garnissent généreusement les trois temps de la valse.

Lors de la disparition de Django Reinhardt, le pianiste John Lewis du Modern Jazz Quartet avait écrit un hommage émouvant intitulé Django. Le trio reprend fort intelligemment cette composition, saxophone et contrebasse en contre-chant pour une introduction savoureuse, intensité avisée pour les improvisations. Les dernières notes sont susurrées.

Après le swing pressant de Nuits de Saint Germain, en forme de quatre-quatre avec la batterie, sur fond de walking-bass emballée, Anouman ralentit le tempo et révèle une musicalité touchante au saxophone soprano, du vrai velours pour les oreilles, porté par une ligne de basse voluptueuse. La note finale est de toute beauté.

Sur un rythme de baião, Choro Django est l’occasion d’un échange dynamique entre le saxophone et la batterie, tout en couleurs, et de citations piégeuses (Llorendo Se Fue de Los Kjarkas, plagié par Kaoma pour sa lucrative Lambada, Minor Swing de Django Reinhardt, …).

Avec Djangology Herbinologué, le saxophoniste pousse son instrument dans ses derniers retranchements, tandis cadences impaires et chabada de derrière les fagots pratiquent l’alternance intensive.

Tout en pleins et déliés, Nuages est une éclatante leçon de phrasé qui a décroché plus d’une mâchoire dans l’auditoire ; la ballade laisse bientôt la place à La Montagne Sainte Geneviève bien inspirée.

Tea for Two passe d’un cha-cha joyeux à un swing enfiévré ; Philippe Maniez lâche les chevaux dans un solo ardent et ciselé qui finit de nous convaincre.

Oser Django sans guitare est un sacré défi, que Baptiste Herbin relève avec brio.

Les musiciens :

  • Baptiste Herbin : saxophone alto, saxophone soprano
  • Sylvain Romano : contrebasse
  • Philippe Maniez : batterie

Auteurs/autrices