04/08/2025 – Sotavento Big Band Concert de soutien à Jazz sur les places

04/08/2025 – Sotavento Big Band Concert de soutien à Jazz sur les places

C’est un concert de soutien et c’est aussi une histoire d’amitié, entre le groupe Argentin Sotavento Big Band et le festival Jazz sur les Places. Le festival est en difficulté avec des réductions de subventions et de mécénats. Il n’a pas eu lieu en septembre 2023 et l’on ne sait toujours pas s’il aura lieu en septembre prochain. Gustavo Firmenich, le leader du groupe, qui a déjà été programmé plusieurs fois lors de ce festival lyonnais apprend cette situation délicate. Actuellement en tournée en Europe et tout dernièrement en Suisse, le directeur musical propose au directeur du festival un concert de soutien à Lyon. Philippe Dechevre trouve dans l’urgence trois mécènes qui fournissent une salle, Le temple du change, des hébergements avec l’hôtel, La loge du Vieux-Lyon et des dîners avec Le Café 203. Et le public répond à l’appel avec une centaine d’irréductibles fans de jazz. Sans se concerter, je retrouve mon collègue photographe Jean-Pierre Jacquot venu faire des photos et nous proposons une chronique. La famille du jazz est bien présente, même « Gronchon 1er » est venu bougonner !

Ce big band argentin a l’originalité de mêler à merveille le jazz et la musique emblématique de son pays, le tango. Pour cela le groupe est composé d’une section de bois. Avec quatre saxophones ténor, deux saxophones alto. Dont le leader qui joue du ténor, mais aussi sur la majorité des titres de la clarinette. Cela donne un son puissant, rond et chaleureux. L’un des ténors prend de nombreux solos, tandis que le leader à la clarinette fait une introduction ou une reprise du thème pour presque tous les morceaux. Ceci apporte de la profondeur à la musique sur les autres saxophones qui jouent le thème principal. La section rythmique est composée d’un pianiste, d’un bassiste et d’un batteur. A cette formation de musiciens s’ajoute une chanteuse qui interprète plusieurs chansons.

Les titres sont presque tous construits avec une exposition du thème par la section de bois puis une improvisation de la clarinette sur le thème. L’un des saxophones ténor reprend souvent le solo après la clarinette, ce qui crée un échange avec un contraste de sonorité. Il y a également des dialogues musicaux entre la clarinette et le piano. Sur un titre, les saxophones se succèdent pour les solos, ce qui crée un effet de tourbillon du thème. Lorsque la chanteuse se joint à l’orchestre sur plusieurs titres, les dialogues et les échanges musicaux sont nombreux entre la voix et la clarinette, mais aussi la voix et le piano. Il s’agit de tangos chantés à l’exception d’un morceau qui est une Cuenca, chant originaire du nord de l’Argentine. Parfois la clarinette soutient la voix, ou alors le piano lance la voix sur une intro. La voix de la chanteuse s’adapte au répertoire du tango comme à celui du jazz.

Les morceaux sont construits avec une montée en intensité du tempo. Le jeu du piano électrique se rapproche de la sonorité de l’accordéon pour donner un effet de rythme de tango traditionnel. Dans ce répertoire, nous avons l’occasion d’écouter le maître Astor Piazzolla avec les titres Años de soledad, Buenos Aires Hora 0, et Vuelvo al Sur (de Piazzolla et Solanas). Celui qui est considéré comme le créateur du tango chanté, Carlos Gardel, est également interprété avec Soledad et Rubias de New York. Ce sera avec La Trampera et Romance de barrio que Anibal Troilo est présent au répertoire. Sont également représentés ce soir au répertoire Manzi et Charlo avec Oro y Plata, Mariano Mores avec Tanguera, Oscar Fresedo avec Vida Mía et Leguizamon et Castilla avec La Arenosa. C’est avec La oportunidad que Gustavo Firmenich est interprété pour une composition originale. Le Maestro nous offre aussi un même morceau en deux versions. L’une plus swing avec la section rythmique mise en avant, qui emmène l’orchestre et l’autre pour laquelle c’est la section de bois qui mène le thème d’une manière plus veloutée avec la puissance du souffle des instruments. Par cet exercice, le big band nous démontre sa virtuosité et l’importance des arrangements pour la perception d’un morceau. Richard Galliano a beaucoup d’estime pour ce big band. Certains passages musicaux font penser à des musiques de film, on pense à ces moments-là au style de Lalo Shiffrin un grand maître argentin de la musique.

Le concert est participatif, le groupe entraîne le public pour taper le rythme dans ses mains. Des spectateurs dansent, les musiciens les remercient de danser sur leur musique. Le set se termine sur une note festive avec Libertango, d’Astor Piazzolla en rappel sur un tempo enlevé à l’unisson. Nous n’avons malheureusement pas pu apprécier le raffinement de la musique à sa juste valeur car l’acoustique du temple est très réverbérante. L’essentiel ce soir est de soutenir le festival Jazz sur les places qui est gratuit pour le public depuis 2009. Il a toute sa place après les festivals de l’été lors de la rentrée de septembre. C’est un passage important pour les musiciens de jazz de la région qui sont majoritairement programmés. Il est donc primordial qu’il ne disparaisse pas du paysage jazzistique de la Métropole du Grand Lyon et qu’il ne subisse pas le même sort que A Vaulx Jazz de Vaulx-en-Velin et Fort en Jazz de Francheville.

 

Sotavento Big Band :

  • Nicolas Paladino : batterie
  • Agustín Gonzalez: basse
  • Enrique Gallo Calderon: piano
  • Duilio Giri: sax ténor
  • Horacio Baldassarre: sax ténor
  • Sergio Cisneros: ténor sax et clarinette
  • Romina Bochicchio: sax alto
  • Florencia Crnko: sax alto
  • Patricia Leguizamon: voix
  • Gustavo Firmenich: sax ténor, clarinette

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