
Quelle est donc cette mode de commencer un concert à point d’heure ?
Julie Campiche et ses comparses entrent en scène à 22h40, ça fait tard pour un concert dans la Drôme. Demain, dès potron-minet, il y a piscine ou vélo ! Après, il fera trop chaud.
Le quartet a disposé sur la scène de petits écrans circulaires qui recevront des animations vidéos non figuratives.
Julie s’installe à sa harpe, de la main gauche elle gère des « potards » d’effets et autres « bidouilleries ».
La musique est minimaliste. Quelques effets d’archet à la contrebasse. Quelques notes égrenées à la harpe. Du souffle dans le sax ténor. Un tambourin assourdi par un linge. Les musiciens dans l’obscurité. Du jazz façon théâtre d’ombres. Ce qui importe ici, c’est l’univers acoustico-visuel proposé. Il s’agit d’Aquarius qui évoquait le navire de SOS Méditerranée dont la polémique liée à sa perte de pavillon a profondément « irrité » Julie.
Le second morceau Lies est une composition du batteur Clémens Kuratle (Tout au long du concert, il abattra un formidable travail en finesse et parfois en force avec ses rythmes complexes qui feront pulser le quartet). Julie « prépare » sa harpe avec un linge pour en altérer la sonorité. Batterie et contrebasse impulsent le rythme qui pousse crescendo. Le sax fait ensuite son apparition. Les effets visuels sont très réussis. Il est toujours difficile de distinguer les musiciens. C’est un parti pris.
Plus tard, sur Fridays of hope, Léo Fumagalli souffle dans un bec et se sample. La tension monte, Julie envoie en boucle les phrases « We already have all the facts and solutions » ; « All we have to do is to wake up and change » ; »I want you to act » ; « I want you to panic » par la voix de Greta Thunberg. Pas cool !
Pour calmer le jeu Julie nous offre une « respiration pour soi même » : Parenthèse. Moment intimiste où Julie vocalise d’une façon éthérée pour accompagner ses musiciens qui nous jouent une mélodie calme et ciselée. Encore un univers bien particulier et relaxant.
Le morceau suivant reprend la même structure, un démarrage lent et posé. La tension monte progressivement, Manu Hagmann prend un gros solo de contrebasse puis est rejoint par le sax ténor plutôt volubile. Ces quatre-là savent aussi manier l’énergie.
Le rappel est fait sur Flash info qui s’inspire en le stigmatisant du rythme des médias « d’info ». La précipitation alterne avec de rares moments de douceur… Avant de virer à de la musique concrète que l’IRCAM n’aurait pas renié.
Cette prestation du Julie Campiche Quartet nous a présenté une facette peu commune d’un jazz de musiciens de la nouvelle génération. L’album « You matter », sorti en 2022, et joué ce soir, traduit l’engagement militant de l’artiste qui se présente comme citoyenne du monde et engagée.
Les musiciens :
- Julie Campiche: harpe, voix, effets
- Léo Fumagalli: saxophone, effets
- Manu Hagmann: contrebasse
- Clémens Kuratle: batterie
- Sophie le Meillour: création vidéo (non présente ce soir)
- Selma Yaker: VJ (Vidéo Jokey)