
Le contrebassiste Renaud Garcia-Fons accompagné de sa fille Solea vient nous présenter son dernier projet « Blue maqam » sorti en novembre 2024. Ils sont accompagnés de Stephan Caracci au vibraphone et xylophone et de Jean-Luc Di Fraya aux percussions et batterie
Un maqam, nous dit le dictionnaire, est un concept fondamental dans la musique arabe classique, et plus largement dans la musique du Moyen-Orient et autour. C’est un système de modes mélodiques, équivalent, dans une certaine mesure, aux gammes et aux modes de la musique occidentale, mais avec une richesse et une complexité bien plus grandes. Il sert de cadre pour l’improvisation musicale, permettant au musicien d’explorer des émotions et des ambiances spécifiques. Que ce soit chez Brahem « Blue maqams » ou Garcia-Fons « Blue maqam » le recours au terme Blue nous indique clairement qu’il s’agit d’une fusion entre les deux mondes oriental et occidental.
Quant à Solea c’est avec bonheur que nous la retrouvons après l’avoir découverte il y a déjà dix ans en duo avec son père (voir ici) sans l’avoir revue depuis.
Les voici donc sur scène.
Solea nous indique que ce concert sera bien placé sous le signe du jazz et de l’Orient. Pas de surprise.
La première chanson évoque Ulysse et est chantée en grec, une mélopée toute calme. Renaud Garcia-Fons enchaîne les notes à une vitesse folle en frappant les cordes avec son archet (spiccato) et en jouant la mélodie de sa main gauche. Du grand art comme d’habitude. Jean-Luc Di Fraya est au daf.
Suit un morceau sans paroles, plus jazz. Solea chante, scatte et danse. Renaud Garcia-Fons se lâche ; Stephan Caracci fait sonner ses lames.
Avec Tomate el tiempo on passe à l’espagnol.
Suivent deux chansons l’une en arabe et l’autre en hébreu. Evidemment il est fait une référence aux horreurs qui se déroulent là-bas.
Sur chaque chanson Solea apporte sa voix cristalline superbement maîtrisée avec parfois un léger vibrato poignant. Elle est capable de chanter dans de nombreuses langues du bassin méditerranéen avec une facilité déconcertante.
Renaud Garcia-Fons poursuit en trio avec une vieille composition aux influences indiennes qu’il a réarrangée en la pimentant d’accords d’inspiration afro-latine. La contrebasse se fait percussion. La musique du monde est son jardin.
Un poème de Rûmi* est le support du morceau suivant Hame cham.
Noimead Siochana est une composition du père qu’il jouait avec une violoniste irlandaise, Solea en écrit les paroles en irlandais.
Enamorada est une autre chanson d’amour écrite pour la chanteuse flamenca Esperanza Fernandez sur l’album « La linea del sur ». Ils l’interprètent en duo. C’est émouvant.
Alicante, poème de Jacques Prevert clôt en français ce set magnifique.
Un superbe voyage tout autour de notre mer Méditerranée.
Le rappel se fait sur la Citta eterna, un texte en italien de Solea à la gloire de Rome.
Le second rappel est Pater asmo (mon grand père en grec, pas sûr de l’orthographe en grec) dédié à son grand-père grec, et donc le père de Renaud.
*: poète, théologien et mystique persan du 13ᵉ siècle