04/10/2025 – Rodolphe Lauretta Quintet « Kreolia II » à La Fouillouse pour le RhinoJazz(s)

04/10/2025 – Rodolphe Lauretta Quintet « Kreolia II » à La Fouillouse pour le RhinoJazz(s)

Le RhinoJazz(s), on le sait, c’est la découverte en marque de fabrique, et de ce jazz teinté de Caraïbes, le saxophoniste Rodolphe Lauretta apparait en proue contemporaine que je découvre en concert.

C’est un quintet jazz devenu « traditionnel » qui monte sur scène avec son trio et ses deux souffleurs. La batterie installe le rythme, la basse et les claviers le riff qui va bien, les souffleurs donnent à l’unisson la simple mélodie, on y est… Très vite, les solos sont incantatoires, des samples qui sont la voix d’Eugène Mona, nous précisera Rodolphe, chanteur et flutiste martiniquais, artiste phare de la musique antillaise ; nous sommes d’entrée de jeu à l’écoute d’une musique ancrée dans la tradition des rythmes multiples : soca, mazurka, biguine… et de leurs structures, mais particulièrement ouverte vers d’autres musiques actuelles. De cette tradition et du respect des novateurs, hommage appuyé pour le pianiste précurseur Alain Jean-Marie dont ils reliront Con Alma, version biguine du jour. Ils nous présentent leur précédent projet mais nous donnent également des nouveaux titres qu’ils viennent d’enregistrer au studio l’Alhambra à Rochefort (*). Très vite, le leader va réclamer la participation du public pour sa musique hybride qui se veut festive pour ces compositions qui sont l’incitation à la danse. Les soli restent très proches des grilles harmoniques, il n’y aura pas de réelles envolées vers un lyrisme, pourquoi pas hurleur aussi qui m’aurait plus convaincu, jusqu’à cet Ultraviolet au thème appuyé qui slamme vers le soleil et annonce comme une autre face du groupe, plus contemporaine et originale encore. Les coutumes créoles frottent avec le hip hop, comme une saveur d’un certain RH Factor dont Rodolphe Lauretta (il est un peu bavard) nous dira tout le respect qu’il convient pour ce Roy Hargrove qui, comme Miles l’avait fait avant lui, montrait quelques nouvelles directions originales, en lui dédiant notamment The Roy. La « cosmopolité » du quintet est celle de la fusion que le jazz absorbe et véhicule depuis sa naissance, autour d’un saxophoniste d’origine guyano-martiniquaise, un bassiste réunionnais, un claviériste vietnamien, un trompettiste normand et un tout jeune batteur guadeloupéen.

Cette salle polyvalente qui nous offrait une acoustique très convenable est restée un peu froide pour cette invitation à la danse qui nécessite plus de convivialité pour qu’effectivement elle soit aussi invitée là devant la scène, proche des musiciens. Quoi qu’il en soit les âmes étaient réchauffées pour aborder les froideurs qui arrivent déjà et les bananes étaient sur les sourires.

Rodolphe Lauretta: sax alto, sax ténor, flûte ; Emmanuel Camy : basse ; Dylan Chosi: batterie ; Cong Minh-Pham: claviers ; Olivier Laisney: trompette

(*) Ouvert en 1901 en plein cœur de la ville de Rochefort en Charente-Maritime, l’ancien Casino d’Hiver, est repris en 1907 par la Compagnie Pathé, qui le transforme en cinéma. Renommé l’Alhambra Théâtre, il peut alors accueillir 800 spectateurs. Gravement endommagé lors de la seconde guerre mondiale, il est totalement reconstruit à la fin du conflit. Dans les années 60, il accueille les équipes de Jacques Demy pour le dérushage de son célèbre film musical franco-américain « Les demoiselles de Rochefort » À la fin des années 70, il ferme ses portes et reste à l’abandon. Il renaît de ses cendres 20 ans plus tard ! À partir de 1998, l’ancien cinéma est transformé en studio d’enregistrement.

 

Merci à Philippe Sassolas pour le prêt de des photos.

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