14/11/2025 – Cécile McLorin-Salvant à la MC2

14/11/2025 – Cécile McLorin-Salvant à la MC2

Faut-il encore présenter la chanteuse et compositrice franco-américaine Cécile McLorin-Salvant auréolée, dès ses vingt ans par des récompenses prestigieuses, et qui fait l’honneur au public venu nombreux de la MC2 de Grenoble, d’un concert très original ?

Fidèle à ses costumes colorés, inspirés peut être de ses dons de peintre et de brodeuse, Cécile McLorin-Salvant est apparue dans toute la fraîcheur et l’exotisme de ses origines caribéennes.

Talentueuse chanteuse à la technique vocale riche en nuances et au phrasé impressionnants, elle savoure les mots, leur donne une couleur, un sens. Pour son dernier album Oh Snap, elle crée et compose en français, car il n’y a pas que l’anglais en jazz !

Et c’est avec une chanson bien française qu’elle a ouvert le bal, une chanson qui parle d’amour et de nature et d’animaux.

Ses trois talentueux collaborateurs de longue date l’accompagnent : Yasushi Nakamura à la contrebasse et Kyle Poole à la batterie, et Sullivan Fortner au piano, tout en douceur et délicatesse.

Cécile a aussi un sens de la théâtralité. Elle met en scène ses mots ou ceux des autres comme Est-ce ainsi que les hommes vivent de Léo Ferré (inspiré du poème d’Aragon « Bierstube, Magie Allemande ») ou la chanson de Mistinguett Il m’a vue nue. Que ce soit pour la légèreté ou la gaieté, la tristesse ou le désespoir, elle déploie une vraie dramaturgie comme dans Je ne pourrai jamais vivre sans toi de Michel Legrand pour « Les parapluies de Cherbourg ».

On fait même un petit détour par le passé avec une chanson occitane de plus de mille ans !

Qu’elles soient à voix basse, contrastées, douces ou fortes, les chansons sont épurées, au plus près du sens.

Cécile aime depuis toujours Sarah Vaughan, dont elle voulait avoir la voix avant d’avoir trouvé la sienne et elle le prouve dans le magnifique Obsession, qui, aidé par ses musiciens, nous entraîne vers la déraison.

Comme Oh Snap traverse plusieurs époques et styles, un autre détour cette fois vers l’électronique, quand Cécile se met au piano et joue des subterfuges possibles pour Anything but now

Il y a une vraie connivence avec le public, un partage.  Son chatoyant et varié monde musical a séduit ce public que l’a rappelée deux fois, s’est levé pour chanter avec elle I feel love de Donna Summer, dans un enthousiasme évident.

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