14/11/2025 – Sébastien Joulie Group « Loaded » au Solar

14/11/2025 – Sébastien Joulie Group « Loaded » au Solar

Le temps ne fait rien à l’affaire, quand on est bon, on est bon… Ceci étant posé, il peut y avoir des nuances. En effet, les cinq musiciens du Sébastien Joulie Group ont joué deux heures trente (en deux sets) vendredi soir, mais cette générosité s’est modulée de clairs parfois obscurs. Ce gang de régionaux, très actif sur les scènes locales autant que sur l’hexagone, a présenté « Loaded », le quatrième album de Sébastien Joulie, publié il y a un an sous le label Fresh Sound New Talents.

Contrairement aux précédents, il n’a composé que quatre titres, laissant à ses complices la liberté d’occuper les autres plages avec leurs propres compos. Une bataille d’égos ? Bien au contraire. Dans ce Loaded, qui signifie « chargé » en français, les égos sont égaux, ça fait un peu quatre mousquetaires qui seraient cinq et avec la même devise, qu’on ne répètera pas. Il faut donc voir dans cet opus un colt musical chargé des influences d’un quintet de musiciens éclairés par la même lumière harmonique, c’est d’la balle. Aux côtés du vichyssois Sébastien Joulie, voilà Stéphane Moutot aux saxophones ténor et soprano ; Benoît Thévenot au piano et claviers ; Michel Molines à la contrebasse et Charles Clayette à la batterie. Ils sont bons, ils sont très bons.

Seulement voilà. Cet album, ils l’ont composé en un peu plus de trois mois, véritablement en groupe et au domicile de Charles Clayette, à la maison, quoi, avec tout ce que cela sous-entend de partage, de connivence et de quotidien tutoyé. Est-ce pour cela qu’ils ont mis un peu de temps à sortir du canapé ? Peut-être est-ce subjectif, mais le début du concert semble avoir largué quelques auditeurs, comme si les artistes oubliaient la présence du public (nombreux) pour continuer leur répé, regards calés sur les partoches et son d’ensemble écrit au brouillon. D’ailleurs, ça avait l’air super sympa pour eux, qui papotaient pendant les airs et… pourquoi pas ? Sauf que, malgré les échappées belles du sax dans From Keith to George, un morceau nourri d’une ample et composite assise rythmique… malgré aussi la fougue joyeuse d’un piano aristo dans Cool winter, « en hommage au réchauffement climatique », on se sentait parfois de trop.

Puis c’est arrivé d’un coup.

Enfin les grands espaces avec On the Hoof (Sous le sabot), puis Loaded, un morceau éponyme digne du boson de Higgs. Et c’est une explosion d’énergie, une fulminance de sons s’enrichissant l’un l’autre, des mises à feux mélodiques qui se sont alors succédé, d’Olga à Confused, dans une ambiance de jazz très actuel, coulé sans se noyer au creuset new-yorkais. On s’est donc régalé de titres à croquer, feuilletés sonores aux strates groovy, où la complexité du propos équilibre un Eldorado émotionnel. Libérés, délivrés.

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