Peu après 19 heures, les spectateurs du Manège, venus en grand nombre, se préparent à être attentifs à la présentation du festival 2026. Les deux directeurs (général et artistique) Samuel Riblier et Guillaume Anger vont orchestrer une présentation concise, documentée, dynamique. Les remerciements d’usage faits (bénévoles, partenaires…), on nous rappelle sur l’écran que 96 % des festivaliers ont été satisfaits de leur expérience du festival 2025 !
Puis arrive Lucrèce Andreae, jeune artiste souriante, qui nous présente en quelques mots la genèse de l’affiche 2026 : elle s’est immergée durant toute la All Night 2025 au milieu des spectateurs et a voulu capter l’émotion, l’enthousiasme et le lâcher prise des participants à cette communion musicale. Le fond jaune fait ressortir les couleurs pastel des spectateurs qui sont réunis par une même énergie positive. L’idée maîtresse est bien claire et nous noterons que c’est la première fois que l’affiche évoque les spectateurs, leur joie, le bonheur qu’ils ont à participer à ce spectacle vivant.
Le moment attendu des premiers noms arrive et le duo nous dévoile huit dates du festival du 25 juin au 11 juillet 2026. Vous retrouverez sur les sites dédiés (dont https://www.jazzavienne.com/fr ) les premiers noms qui mêlent Erik Truffaz, Stefano di Battista, Deluxe, Groundation, Beirut, Vincent Peirani, Cerrone, Marcus Miller, Angélique Kidjo, Fatoumata Diawara, Vulfpeck (désireux de revenir après leur succès en 2024), Ludivine Issambourg… des soirées variées et un final éblouissant.
Il faudra attendre le 10 mars pour connaître la programmation finale mais les noms et vidéos de ce soir ont été largement applaudis lorsque nous les avons découverts. Chloé Cibert évoque les stages au conservatoire pour tous, des petits aux adultes… Une mise en lumière sera faite pour les prochains rendez-vous à Lyon, Oullins, Vienne, Saint-Étienne… et le Jazz Day du 30 avril.
Rassasiés de toutes ces informations et vidéos prometteuses, l’entracte est bienvenu pour digérer… se restaurer, s’hydrater et se préparer au concert qui va suivre.
Entre alors en scène David Enhco et sa trompette et Marc Perrenoud qui s’installe devant le piano à queue, tous deux vêtus de noir, qui viennent nous présenter leur projet « Chet ». Un solo de Marc Perrenoud nous met dans l’ambiance de ce moment où grâce, virtuosité le disputent à la fêlure de certains morceaux. I fall in love too easely sera suivi d’un arrangement de My funny Valentine.
Puis David nous évoque un morceau très utilisé dans les examens de fin d’année de conservatoire, où l’arrangement raffiné nous laisse deviner They will never be another you. David nous précise que Marc a réalisé tous les arrangements, en soulignant le rôle primordial de cette action invisible de l’auditeur. Con Alma composé par Dizzy Gillespie (a priori jamais joué par Chet) précède une intervention de Marc qui évoque les deux ans de tournée du duo.
La face sombre de la personnalité de Chet est illustrée par Flicker que David traduit par « vacillement de la flamme » dont les tonalités coupantes et tranchantes de la partition sont évocatrices. Suit un duo, puis un solo de Marc pour Yesterdays que Chet a beaucoup interprété. David nous parle ensuite de ses souvenirs (il y a vingt ans) à Jazz à Vienne où il était venu avec son beau-père, le regretté Didier Lockwood, pour un concert avec les scolaires. Il nous redit que Chet a toujours été un modèle pour lui, lui qui savait « toucher les gens à la première note jouée ».
Vif argent, évoquant le mercure, métal insaisissable, sera une nouvelle facette de l’évocation de ce musicien d’exception à la personnalité changeante, du plus sombre au plus solaire : réponses dynamiques… et une fin feutrée, apaisée. Monk sera à l’honneur avec l’arrangement subtil du fameux Round midnight…
David remercie et nous annonce Just friends pour clore ce moment musical où l’engagement physique des deux artistes est présent. Ils quittent la scène et reviennent pour un rappel rapide aboutissant à une fin élégante et calme.
Le parcours musical et humain de Chet Baker a été magnifiquement évoqué par ce duo d’artistes, les compositions de David, les arrangements de Marc, qui ont su capter sa personnalité complexe, ses fêlures, son talent et nous procurer ce soir une multitude de sensations, d’émotions intenses et apprécier leur talent musical et leur connivence qui nous ont atteints et laissés après le concert une trace de beauté, de paix.
