07/07/2025 – Ben l’Oncle Soul & Gospel Philarmonic Experience au Théâtre Antique

07/07/2025 –  Ben l’Oncle Soul & Gospel Philarmonic Experience au Théâtre Antique

Après un premier passage en tête d’affiche en 2011 ([1]et [2]) Ben nous revient en américaine de Thee Sacred Souls : les temps changent et place aux jeunes. Nous avions découvert cette année-là un jeune chanteur tout mince, un peu emprunté parfois, dans son costume étriqué avec comme un fétiche porte-bonheur, le nœud papillon de son grand-père, mais avec une voix, un phrasé, un sens du rythme remarquablement typée soul, rhythm’n’blues et fortement influencée par Otis Redding

C’est un chanteur aguerri à la carrure de boxeur qui nous revient, très à l’aise, excellent danseur à l’occasion, dont la voix a bien évolué, plus d’ampleur, un peu de raucité qui sied au style de ses chansons, une tessiture élargie qui nourrit une expressivité de bon aloi.

Le spectacle Ben l’Oncle Soul & Gospel Philharmonic Experience est une proposition de Jazz à Vienne qui, par bonheur, concrétisait un vieux rêve du chanteur de monter un spectacle avec un groupe de Gospel.

Le Gospel Philharmonic Experience est le fruit d’une collaboration entre l’Auditorium de Lyon et l’Orchestre National de Lyon et le chef de chœur Pascal Horecka, qui peut réunir jusqu’à une centaine de choristes professionnels et amateurs ensemble. Ce soir, quinze choristes étaient présents sur scène. C’est le chœur qui est chargé d’ouvrir le concert, ce qui crée instantanément une écoute attentive du public. Puis c’est au tour de Ben de faire son entrée. On se dit immédiatement qu’il a bien évolué depuis 2011 et même depuis 2014 et 2018 où on a pu l’entendre ici, invité sur d’autres projets. La voix à l’image du personnage s’est endurcie, on se dit qu’il pourrait même « gueuler » comme un vieux blues shouter si c’était nécessaire.

Le répertoire de la soirée est basé sur le dernier album « Sad Generation »: sad que l’on peut traduire de différentes manières, pour notre part c’est le terme (génération) douloureuse qui nous vient à l’esprit, tant la soul music a su traduire la douleur psychologique et morale sous toutes ses formes. Mais, d’autres options sont possibles que chacun est libre de choisir au gré de ses états d’âme. Bien soutenu par un groupe soudé, le chanteur nous offre en ouverture I Got Home qu’il enchaîne avec The Walls, reggae de bonne facture. Suivront dans le désordre, By Your Side, Your Hand in Mine et les autres titres de l’album, plus quelques titres plus anciens comme : Ailleurs (2014) et sur la fin Soul Man (2011). Le couple basse batterie entretient le groove et donne l’occasion au claviériste et au guitariste de s’exprimer plus librement, en ponctuation rythmique de la voix et en soliste. Le chœur Gospel intervient offrant aux choristes un tremplin pour des arabesques vocales acrobatiques

Au milieu du set, on apporte un piano et le chœur gospel en arc de cercle nous emporte vers le ciel, son chant ponctué par Ben qui circule entre les chanteurs, aux anges lui aussi. Après cet intermède délicieux, les musiciens reviennent, c’est un ensemble bien réglé où chacun tient bien sa place et forme un tout cohérent, très bien intégré à l’ensemble architectural que représente le montage chanteur, choristes, chœur, instruments. Une belle réussite pour ce projet ambitieux qui ne sera donné qu’une seule fois et sur la scène du théâtre antique de Vienne, dommage pour ceux qui n’étaient pas là.

[1] Pour mémoire, 2011 c’était le dernier passage de Wayne Shorter à Jazz à Vienne pour un Tribute To Miles…#2 au côté d’Herbie Hancock et de Marcus Miller. RIP Mr. Wayne Shorter

[2] 2011 , c’était également le dernier passage de Sonny Rollins à Vienne avec un concert mémorable en deux sets d’une heure et demie chacun.

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