28/09/2025 – Terrie Odabi à l’Opsis pour le RhinoJazz(s)

28/09/2025 – Terrie Odabi à l’Opsis pour le RhinoJazz(s)
Entre la côte ouest des Etats-Unis et Roche-la-Molière, il y a un certain nombre de kilomètres et de miles nautiques. Mais on s’en fiche car le Rhino traverse terres et océans sans ciller, c’est là son charme et son balai de sorcier. Voilà donc Terrie Odabi sur la scène de l’OPSIS dimanche, venue avec mari et musiciens pour un show qu’on avait hâte de découvrir. Il semble que personne dans le public, très nombreux, ne la connaissait. Moi non plus. Pourtant, entre le silence du début, dans l’attente du concert, et l’ovation debout une heure trente plus tard, il s’est passé du bon. Comme on dit, ça l’a fait. Et ça n’a pas traîné.
La chanteuse-autrice-compositrice de soixante-deux ans (elle est vraiment sûre de son âge ?) est apparue en occupant d’un coup la scène. Perchée sur de fragiles escarpins sexy, elle avait l’air d’une Betty Boop voluptueuse à la sacrée personnalité. Généreuse, luxuriante, battante, libératrice, énergique et rebelle. Accompagnée de quatre musiciens complices et souvent badins, elle a vite taillé dans le riff du sujet, avec notamment les chorus de Yann Cuyeu à la guitare et Igor Pichon à la basse, soutenus par la rythmique basique mais solide de Fabrice Bessouat à la batterie (le « boss »), sans compter le liant bienvenu des claviers de Damien Cornelis. A noter d’ailleurs pour la petite histoire que le batteur et le guitariste étaient sur cette même scène il y a huit ans. Quand on aime…
Premier morceau et première interrogation. Cette salle est impeccable mais que fait-on sur des sièges? Car la belle, nominée quatre fois en cinq ans comme « Artiste féminine » aux prestigieux Soul Blues Music Awards, ne donne aucune envie de choper des escarres mais plutôt de suivre, debout, le flux trépidant d’un blues-soul organique.
Depuis son premier album sorti en 2014 et jusqu’à celui qui vient d’être publié, Terrie Odabi a pas mal évolué vocalement, travaillant sa voix de soprano originelle pour l’ouvrir à des phrasés de plus en plus bleus, composant ou interprétant des morceaux qui lui ressemblent. Elle en a fait découvrir certains au public dimanche. Par exemple, Live my life, I feel you real good ou Gentrification blues.
La voix ? Puissante mais claire, nuancée, caramel fondant, envolées magmatiques. Authentique.
Mais ce que l’on retiendra surtout, c’est l’osmose incroyable entre cette artiste toujours souriante et ce qui la porte, pas toujours gai. Chaque titre a été l’occasion pour elle de s’ouvrir au public, souvent même de le faire participer. Elle a donc beaucoup parlé. De ses trente ans passés à l’éducation nationale, de ses sentiments de femme à la peau noire, du courage et de la ténacité des femmes qui l’ont inspirée, de son désir de faire bouger les choses, de son besoin d’amour, de peace time…
C’était un dimanche après-midi, on a marché sur un pont humain entre Roche-la-Molière et San Francisco.

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