Vladimir Torres Trio, ce sont trois musiciens unis par une complicité extrême. C’est la première fois qu’ils jouent en Isère. Tiens donc, pourtant ça fait quelques années qu’ils partagent leur jeu, leurs notes et leur tempo.
D’un concert privé à Besançon, leur coin de vie Franc-comtois, au Hot Club de Lyon, à Jazz sur Scène à Paris pour ne citer que ces quelques lieux, ils proposent « Rush », le dernier album sorti le 19 septembre dernier et c’est ce qu’ils jouent ce soir au Jazz Club de Voiron, plus quelques pépites issues de leurs anciens cd.
Une fois ce n’est pas coutume, le concert mensuel du jazz club a lieu à l’auditorium du Conservatoire de la ville de Voiron car, en ce lieu, se trouve un piano qui permet à Martin Schiffmann d’exprimer sa musique.
Ils captent notre attention dès le début de ce concert avec Paz, une composition extraite de leur dernier album et poursuivent avec Valencia Bilbao Granada. Cette composition, c’est l’histoire de kilomètres quotidiens, un voyage marqué de moments créatifs, la mise en musique d’une tournée en terre espagnole, vivante et intense.
Il est aussi question d’autres histoires, de chemins et d’images pour un voyage intérieur sonore.
L’intro contrebasse solo, sur un rythme lent, c’est un soleil lourd qui engage à ne rien faire. Le pianiste répond doucement, finement et puis s’élève une fougue nouvelle et le batteur Tom Moretti envoie un rythme fort, intense… Le tatouage sur le bras gauche de Vladimir Torres bouge comme ses mains sur la contrebasse, indicateur de l’ampleur d’un voyage fou de couleur et de force.
Le pianiste Martin Schiffmann, le batteur Tom Moretti et le contrebassiste Vladimir Torres entrelacent les notes puis c’est un retour au duo, piano et contrebasse pour finir superbement ce voyage virtuose.
Cette complicité, cette façon de jouer nous apporte tant, à nous public et c’est un vrai plaisir de les voir échanger, parfois un signe de tête, parfois un sourire, parfois rien, mais la magie des notes est là.
Le public est, je dirai, recueilli par le feeling de cette présence intense.
Il y eut aussi Dos Hermanos. C’est l’aventure des deux enfants de Vladimir Torres, le grand et le plus jeune qui jouent et jouent encore, rapides et forts, une joute forte et aimante. C’est beau, c’est fort aussi. Les superbes motifs graphiques de la chemise de Tom Moretti bougent en rythme avec lui, c’est un supplément d’intensité, un côté chamanique qui ne dénote pas ces compositions.
Ces trois musiciens sont unitaires, chacun est juste à son exacte place et libre. Tour à tour, chacun prend le lead pour mieux nous émouvoir, un pari superbement réussi.
Avec Brooklyn Barbès (composition de Damien Groleau), Vladimir Torres indique la route. Non, ce ne sont pas que des rythmes latino mais bel et bien encore un voyage sur les routes du sud de l’Europe. Le batteur se retire pour un duo piano – contrebasse. Comment ne pas se laisser emmener cette fois encore ! C’est apaisant, les visages du public dans l’auditorium sont sereins, yeux fermés ou mi-clos parfois. Encore une superbe histoire. Les mains du pianiste Martin Schiffmann quittent le clavier et frottent les cordes ; Tom Moretti revient en scène, avec un rythme puissant, comme une évidence, quintessence d’un jazz libre, tout en sensibilité, raffiné et ouvert. Quel trio !
La der des ders des compositions ce soir est encore un trip en terre hispanique, un rappel demandé avec des applaudissements sincères et nourris. Ce chemin musical inonde d’un immense plaisir nos cœurs et nos oreilles, un jeu extra dont nous nous souviendrons. Ils tournent bien ces musiciens-là ! Ne les loupez pas ! Merci à eux pour cette superbe soirée musicale.
Rush : toutes les compositions sont de Vladimir Torres exceptée Brooklyn Barbés, composition de Damien Groleau.
